Etre père avec Saint Joseph - Petit guide de l´aventurier des temps post-modernes
Référence : 118359
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Date de parution : 13 mai 2021
Éditeur : MAGNIFICAT (EDITIONS)
Collection : MAGNIFICAT EDIT
EAN 13 : 9782917146934
Nb de pages : 288
14.50 €
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Description
Que dit saint Joseph aux hommes d'aujourd'hui ? En quoi sa paternité et sa vie sont-elles des exemples pour notre époque ? A travers 12 chapitres à la fois profonds et légers, Fabrice Hadjadj pose un regard neuf et plein de finesse sur la masculinité contemporaine. Explorant les écritures et la tradition, il donne à la vie de saint Joseph une prise directe sur notre vie quotidienne.
Titre | Etre père avec Saint Joseph - Petit guide de l´aventurier des temps post-modernes |
Auteur | HADJADJ (Fabrice) |
Éditeur | MAGNIFICAT (EDITIONS) |
Date de parution | 13 mai 2021 |
Nb de pages | 288 |
Collection | MAGNIFICAT EDIT |
EAN 13 | 9782917146934 |
Présentation | Broché |
Épaisseur (en mm) | 29 |
Largeur (en mm) | 134 |
Hauteur (en mm) | 180 |
Poids (en Kg) | 0.30 |
Biographie
Fabrice HADJADJ (1971 - ) Fabrice Hadjadj est né le 15 septembre 1971 à Nanterre. Essayiste et dramaturge, dirige l'Institut Philanthropos (Fribourg). Voir plus
Critique du libraire
"Dans notre société qui est en train de perdre ses repères, Fabrice Hadjadj développe une réflexion profonde sur la figure du père."
Les avis clients
Vive les pères avec Fabrice Hadjadj !
4/5 Petrus Angel
.----. Bonne fête à tous les papas avec Fabrice Hadjadj, agrégé de philosophie et directeur de l'Institut Philanthropos à Fribourg en Suisse. Il vient de publier un essai intitulé: Etre père avec saint Joseph. Petit guide de l'aventurier des temps postmodernes (Edition Magnificat, 288 p). Dans notre société qui est en train de perdre ses repères, Fabrice Hadjadj développe une réflexion profonde sur la figure du père.
En son temps, Charles Péguy parlait des « hommes mariés » et des «pères de famille» comme des «grands aventuriers du monde moderne». Or nous ne sommes plus dans la modernité, mais dans la postmodernité. La modernité était progressiste et humaniste. La postmodernité est catastrophiste et post-humaniste (qu'il s'agisse d'antispécisme, de transhumanisme ou de fondamentalisme religieux). (…). Au temps de Péguy, donc, l'aventure de la paternité, c'était surtout d'entrer dans la chair de l'histoire afin de résister à l'empire de l'argent et de l'idéologie. Aujourd'hui, cette aventure est de consentir à donner la vie à un mortel en une époque où cela ne va plus de soi. Pourquoi continuer à avoir charnellement des enfants à l'ère de l'extinction et de la biotechnologie ? Pourquoi devenir un père et ne pas se contenter d'être un ex-pert ? (…)
Je ne regrette pas la paternité telle que conçue par le code Napoléon, où il s'agissait d'être le grand propriétaire de sa femme et de ses enfants et de se préoccuper surtout de l'aîné mâle, pour des enjeux moins paternels que patrimoniaux. Je pense que les contestations apportées par le néoféminisme, l'individualisme, le technologisme ou la stérilité du «childfree», sont d'une indéniable utilité. On brise la statue du commandeur. (…) Or quand les repères s'effondrent, la figure du père peut apparaître dans sa nudité. Je parle de figure, et non de rôle. Un rôle de père peut être très bien joué par une femme, et de manière d'autant plus performante qu'il s'agit précisément de performance. Mais la paternité humaine ne relève pas de la performance. Elle s'accomplit à travers ses défaillances mêmes. Elle est une aventure - le risque d'un avenir pour l'autre, à l'encontre de tout programme. La perte des repères d'autrefois ne peut que la rendre plus étonnante. Dans un monde où il n'y a plus que des drones, le moindre petit oiseau apparaît comme une merveille de grâce. Il se pourrait bien qu'aujourd'hui, dans un monde de calculateurs et de consommateurs désincarnés, le moindre père apparaisse enfin dans son prodige. (…)
L'entrée dans la paternité ne peut se décider selon les anticipations d'un projet parental. Aucun homme ne peut se dire : «Ça y est, j'ai toutes les aptitudes pour être un bon père et rendre mon enfant parfaitement heureux.» C'est pourquoi, à propos du père, j'ai développé le concept d'« autorité sans compétence». Un expert communique ce qu'il a compris dans un domaine très particulier de la vie - il est compétent. Un père transmet la vie tout entière, en tant qu'il ne la comprend pas, qu'elle lui échappe, qu'elle est même livrée à la mort, à la souffrance, à l'injustice...(…)
La femme accède à la maternité à travers une progressive transformation physique. Son ventre se dilate pour former la première habitation du petit d'homme. Ses seins s'alourdissent pour produire la première source de lait. C'est une incroyable métamorphose qui la fait devenir demeure et nourriture. Par-delà les divers désagréments de la grossesse, car l'épanouissement n'est pas sans nausée, il y a aussi la rude traversée de l'accouchement, car l'heureux événement n'est pas sans douleurs.
Qu'en est-il de l'homme ? La paternité ne marque pas sa chair. Son corps reste le même. Sa participation à la fécondité commune a été brève, extérieure et agréable. Dans la salle de travail, il manie le brumisateur ou règle le volume de la musique relaxante - en bref, il est ridicule. La maternité relève donc du fait physique, alors que la paternité n'apparait jamais physiquement. Elle vous tombe dessus. Elle passe par un acte de reconnaissance verbal. La théologie chrétienne identifie le Fils et le Verbe. Cela a aussi un sens anthropologique. Vous vous souvenez du célèbre adage du droit romain : Mater certissima, pater semper incertus. La mère est très certaine, le père est toujours incertain - au point de vue de l'évidence sensible. C'est donc la mère qui institue le père : «C'est toi, je te le dis, crois-moi.» Le père est d'abord reconnu par la femme avant de reconnaître l'enfant. Avec la paternité, on passe d'un régime d'évidence immédiate à un régime de médiation par la parole donnée. Le psychanalyste Charles Melman estime que, par rapport au matriarcat, le patriarcat constitue un «progrès spirituel, progrès mental, puisqu'on est passé des règles de l'évidence à celles de la croyance ». Mais il faut se rappeler que ce patriarcat se fonde sur la parole de la mère.(…)
Traditionnellement, (le père) coupe le cordon et il donne son nom. Lui qui est si nul dans l'ordre physique de la fécondité, il ne peut qu'assumer la charnière entre nature et culture. Mais par lui, l'enfant ne se sépare pas seulement de la mère, il se sépare du père aussi, et même il se sépare de lui-même. (…) Enfin, si le père est bien sûr le gardien et le protecteur, il est aussi plus spécifiquement celui qui expose l'enfant au monde. La mère forme une enceinte. Le père ouvre la porte et prodigue le coup de pied au derrière. Il affirme la dimension de risque, de liberté, de sacrifice, d'aventure de la vie. Dans la Bible, la première fois qu'un fils appelle son géniteur «père», c'est au moment du sacrifice d'Abraham. Et ils marchaient tous deux ensemble. Alors Isaac, parlant à Abraham, son père, dit : «Mon père !» Et il répondit : «Me voici, mon fils !» Isaac reprit : « Voici le feu et le bois, mais où est l'agneau pour l'holocauste ?» Abraham répondit : «Dieu verra lui-même l'agneau pour l'holocauste, mon fils. » Le père et le fils gravissent ensemble la montagne. Le fils a sous les yeux tous les instruments du sacrifice, il demande pourquoi il est venu au monde si c'est pour souffrir et mourir et se perdre. Le père répond que pour sa part il n'y voit rien, mais l'Eternel verra. Saint Paul résumera ce drame en disant qu'Abraham (le père des nations) espéra contre toute espérance, et par là il devint père. Voilà la force, la virilité du père, qui est tout l'opposé de rouler des mécaniques : espérer envers et contre tout le désespoir du monde, relancer l'aventure de la vie reçue, et donc soutenir la femme et encourager l'enfant. (…)
C'est Dieu lui-même, par son ange, qui investit Joseph de sa paternité. Je suis père par les forces de la nature, Joseph est père par le Créateur des forces de la nature, et donc plus radicalement que moi. Son exemplarité vient surtout de ce qu'il brise l'image du père idéal. Sa situation lui interdit entièrement d'être un expert ou un pédagogue. La Mère et le Fils le dépassent complètement. Comment se faire obéir par Dieu (sans crier) ? Comment prétendre que tout est sous contrôle avec l'Incompréhensible chez soi ? C'est donc l'aventurier par excellence. Tout lui tombe dessus, au-delà de toute planification, et il doit répondre sans cesse à cet inattendu. Il sait que le Fils est condamné à mort, mais il est aussi sûr que c'est Lui, la Vie (…) La gloire du père, dit (…) saint Jean, c'est que ses fils et ses filles portent du fruit. Le père s'efface en poussant ses enfants en avant. (…) Ce que j'aime particulièrement dans l'iconographie de saint Joseph, c'est qu'il n'est plus tourné vers Jésus, mais vers la planche à raboter. Il ne couve pas l'enfant. Il lui fait voir son œuvre d'adulte, et par là lui donne envie de grandir et de quitter la maison pour assumer sa propre tâche dans le monde. (…) Mais quand un père défaille, il peut faire mieux que lorsqu'un expert réussit : tomber à genoux, demander pardon, tourner son enfant vers le Père des miséricordes, montrer que pour être dramatique la vie n'en est pas moins belle.
[ Extraits de l'entretien donné au Figaro des 5 & 6 juin 2021 et publié par le site Petrus Engel le 12 juin 2021 ]