Génie du christianisme
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.----. Le « Génie du christianisme », jalon essentiel de l’histoire religieuse en France.
François-René de Chateaubriand (1768 - 1848) a vécu la période charnière de la Révolution française, de la fin de l’Ancien Régime et de la restructuration du pays après le chaos révolutionnaire. Profondément ébranlé par la Révolution, à l’instar de ses contemporains, il publie au tout début du XIXe siècle, le 14 avril 1802, le plus grand best-seller de l’époque, le "Génie du christianisme". Récit.
C’est à la veille de la Révolution française que le jeune François-René de Chateaubriand s’installe à Paris où il fréquente les bouillonnants milieux littéraires de l’époque. Sa foi s’émousse au contact de la vie sceptique et dissipée des salons parisiens. Il la retrouve en 1798, après le décès de sa mère et de sa sœur, toutes deux mortes en prison. Pour décrire cette conversion, Chateaubriand a une phrase devenue aujourd’hui célèbre : « Je suis devenu chrétien. Je n’ai point cédé, je l’avoue, à de grandes lumières surnaturelles ; ma conviction est sortie de mon cœur : j’ai pleuré et j’ai cru. » Cette affirmation n’est pas tout à fait exacte car l’écrivain, si son cœur a bien été touché, a retrouvé la foi après de longues réflexions et méditations.
Cependant, elle illustre parfaitement ce mouvement du cœur qui accompagne la (re)découverte de la foi, et que les convertis connaissent bien. Chateaubriand entreprend alors l’écriture d’une vaste fresque au souffle généreux et imposant, qui a pour objet de réhabiliter le christianisme, en démontrant tous ses bienfaits, et en l’opposant à l’athéisme ainsi qu’au libertinage L’ouvrage paraît à Paris le 14 avril 1802. Immédiatement, le succès est considérable. Avec ses onze rééditions en trois ans, le Génie du christianisme devient le livre le plus populaire de l’époque. On racontait que dans tout foyer catholique français, s’il n’y avait que deux livres, c’étaient la Bible et le Génie du christianisme.
Un succès immédiat
Pourquoi cette apologie de la foi rencontre-t-elle un tel succès ? Elle est publiée à un moment charnière de l’histoire religieuse en France. La philosophie des Lumières au XVIIIe siècle avait mis à la mode le scepticisme et la raillerie à l’encontre de la foi chrétienne, et voulait faire croire à la dichotomie entre foi et raison. Le christianisme avait été ensuite abattu physiquement pendant la période révolutionnaire. Même si le sentiment religieux commence à se réveiller dès le tout début du XIXe siècle, il reste encore très meurtri par les sophismes du siècle précédent.
À travers son ouvrage, Chateaubriand a l’ambition de redonner légitimité et fierté aux catholiques. Il ne cherche pas faire œuvre d’exégète ni de théologien, mais, comme l’écrit Jean-Paul Clément, il entend démontrer la vraisemblance du catholicisme par la morale qui en est issue et les beautés qui en rayonnent. Chateaubriand estime que la religion catholique « favorise le génie et épure le goût », et qu’elle a permis à l’être humain son plein épanouissement intellectuel et artistique. Pour lui, le christianisme est la religion la plus favorable aux libertés ; elle est la religion la plus humaine, tout en étant la plus chargée de transcendance, et peut-être même à cause de cela.
À la lecture de ce livre qu’un grand souffle anime, on est touché par la sincérité de l’auteur, on sent le feu ardent du chrétien dans sa volonté de servir. Chateaubriand met au service du christianisme l’éclat merveilleux de son propre génie. Si on sait combien cet ouvrage a profondément renouvelé la littérature française, on méconnaît souvent son influence fondamentale sur la foi chrétienne. Le Génie du christianisme a non seulement joué un rôle puissant de catharsis auprès des catholiques, mais il est à l’origine de tout le mouvement religieux du XIXe siècle.
[ Signé : Thérèse Puppinck ; publié le 13/04/22 par Aleteia, Un regard chrétien sur l'actualité, la spiritualité et le lifestyle.]
Une lettre .
5/5 Extrait des " Mémoires d'outre-tombe "
.----. " Ce lundi. " Mon dieu ! l'intéressante lecture que j'ai due ce matin à votre extrême complaisance ! Notre religion avait compté parmi ses défenseurs de grands génies, d'illustres Pères de l'Eglise : ces athlètes avaient manié avec vigueur toutes les armes du raisonnement ; l'incrédulité était vaincue ; mais ce n'était pas assez : il fallait montrer encore tous les charmes de cette religion admirable ; il fallait montrer combien elle est appropriée au cœur humain et les magnifiques tableaux qu'elle offre à l'imagination. Ce n'est plus un théologien dans l'école, c'est le grand peintre et l'homme sensible qui s'ouvrent un nouvel horizon. Votre ouvrage manquait et vous étiez appelé à le faire. La nature vous à éminemment doué des belles qualités qu'il exige : vous appartenez à un autre siècle...
Ah ! si les vérités de sentiment sont les premières dans l'ordre de la nature, personne n'aura mieux prouvé que vous celles de notre religion ; vous aurez confondu à la porte du temple les impies, et vous aurez introduit dans le sanctuaire les esprits délicats et les cœurs sensibles. Vous me retracez ces philosophes anciens qui donnaient leurs leçons la tête couronnée de fleurs et les mains remplies de doux parfums. C'est une bien faible image de votre esprit si doux, si pur et si antique.
Je me félicite chaque jour de l'heureuse circonstance qui m'a rapproché de vous ; je ne puis oublier que c'est un bienfait de Fontanes ; je l'en aime davantage, et mon cœur ne séparera jamais deux noms que la même gloire doit unir, si la Providence nous ouvre les portes de notre patrie.
" CHer De Panat " [ Précision : à l'époque le Chevalier et Chateaubriand étaient émigrés en Angleterre . Extrait des " Mémoires d'Outre-Tombe ", édition La Pléiade-Gallimard, tome un, , 1951 ]
Sur " Génie du Christianisme "
5/5 Mémoires d'outre-tombe (extrait)
.----. Quelques lectures de mes premières ébauches servirent à m'éclairer. Les lectures sont excellentes comme instruction, lorsqu'on ne prend pas pour argent comptant les flagorneries obligées. Pourvu qu'un auteur soit de bonne foi, il sentira vite, par l'impression instinctive des autres, les endroits faibles de son travail, et surtout si ce travail est trop long ou trop court, s'il garde, ne remplit pas, ou dépasse la juste mesure. Je retrouve une lettre du chevalier de Panat sur les lectures d'un ouvrage, alors si inconnu. La lettre est charmante : l'esprit positif et moqueur du sale chevalier ne paraissait pas susceptible de se frotter ainsi de poésie. Je n'hésite pas à donner cette lettre, document de mon histoire, bien qu'elle soit entachée d'un bout à l'autre de mon éloge, comme si le malin auteur se fût complu à verser son encrier sur son épître : ( suite ... )
Vrai littérature
5/5 Revue des cercles d'études d'Angers
.----. "GENIE DU CHRISTIANISME" : "Avec Chateaubriand, nous revenons à la vraie littérature. Quoi qu'on ait tenté pour diminuer le rayonnement qu'exerça l'auteur du " Génie du Christianisme ", il est incontestable qu'il contribua très efficacement par cet ouvrage, à remettre la religion en honneur dans les intelligences et à lui attirer les cœurs. Etayé, fortifié, complété par des maîtres, qui tous eurent leur influence, de Maistre, Bonald, Lamennais, il préparait un romantisme chrétien, dont la paternité ne peut lui être refusée.
Le " Génie du Christianisme " avait fait plus de place à l'imagination, aux aventures de la passion, qu'à une véritable apologétique. On y trouve surtout l'auteur lui-même, " les grands écrivains, toujours portés à se prendre pour des enfants prodigues de luxe, apprennent plus péniblement que les autres la vertu d'humilité ". ( Présentation de la LITTERATURE A L'EMPORTE-PIECE TOME 5 DE Jacques Vier dans le numéro 9 de la revue des cercles d'études d'Angers, juillet 1970 ).
L'oeuvre centrale
5/5 Mémoires d'Outre-tombe
Chateaubriand a publié un "Essai sur les révolutions" où il laisse transparaître un certain scepticisme religieux. Sa mère lui en fera le reproche, et mourra peu après.
"(...) la pensée m'arriva d'expier mon premier ouvrage par un ouvrage religieux : telle fut l'origine du Génie du Christianisme. Lorsque après la triste nouvelle de la mort de madame de Chateaubriand, je me résolus à changer subitement de voie, le titre de Génie du Christianisme que je trouvai sur-le-champ m'inspira ; je me mis à l'ouvrage; je travaillai avec l'ardeur d'un fils qui bâtit un mausolée à sa mère ".(CHATEAUBRIAND Mémoires d'Outre-tombe)
" Le Génie du christianisme est en fait l'oeuvre centrale de Chateaubriand". (Dictionnaire des oeuvres )