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Ennemond BETH (1922-2021)

Ennemond BETH (1922-2021)
Ière Partie : hors carrière militaire - Né le 20 mai 1922 à Saint-Etienne (Loire), 2ème de sept enfants. - Etudes à Saint-Etienne et Saint-Chamond (Loire). - Corniche à Lyon en septembre 1940 puis à Saint-Etienne en 1942. - Menacé - étant de la classe 42 - d'être envoyé en Allemagne pour le travail obligatoire et après une tentative avortée de passer en Espagne après l'invasion de la Zone libre en novembre 42, je me suis rendu, avec quelques amis de Corniche au P.C. des Chantiers de jeunesse en forêt de Tronçais (Allier). Les dirigeants nous promirent, si nous résilions notre sursis pour études et que nous rejoignions les Chantiers, d'échaper au départ en Allemagne. - Abandonnant la Corniche, nous avons rejoint le Groupement N° 5 à Pontgibaud (Puy de Dôme) le 25 mars 1943. Je fus personnellement affecté au Groupe 10, qui avait pour mission de couper du bois dans des conditions très difficiles et avec une nourriture très frugale. - Le 14 juillet, j'ai été embarqué, en uniforme, sans discussion possible et malgré la promesse faite par les Chefs de l'Organisation, pour Montluçon puis Paris, où nous fûmes amalgamés à d'autres malheureux de la Classe 42, avant de rejoindre Berlin, puis, trois jours plus tard, Hambourg le 24 juillet. Dans la nuit commença alors le premier "bombardement de terreur" sur la ville. Nous fûmes dirigés dans un bunker et échappèrent au massacre (70.000 morts) mais nous nous sommes retrouvés démunis de tout, sans vêtements Les bombardements se poursuivirent toute la semaine, jour et nuit; le groupe de Français dont je faisais parti n'eut, grâce à Dieu, aucune perte d'hommes; partis séparément dans la campagne environnante, sans aucune connaissance des lieux ni de la langue, nous avons réussi à survivre avant de reprendre le chemin de la ville détruite. - Revenus à Hambourg, logés dans des locaux ayant échappé à la destruction, nos occupations furent partagées entre l'apprentissage de l'allemand et celui du métier d'ajusteur. - En novembre (si mes souvenirs sont bons), nous fûmes brusquement embarqués dans un train pour aboutir en Silésie où on nous mit à des travaux de terrassement (dans la terre gelée) pour construire un camp (oublié le métier de tourneur !) - De là, au début de 1944 (??), on nous re-transporta, sans tambour ni trompette, à travers une partie de la Pologne, de la Tchécoslovaquie et de l'Autriche, jusqu'à Marburg en Slovénie (annexée par l' Allemagne). Notre arrivée à l'usine de moteurs d'avions où nous étions affectés fut saluée par un bombardement sévère des lieux...sans perte dans nos rangs. J'y devins tourneur et me retrouvai, quelques mois plus tard, à 13 mètres sous terre dans uns galerie où mon atelier fut transporté. - Le temps passant et les événements prenant une tournure différente, j'envisageai de préparer une évasion dans la plus grande discrétion. - Un dimanche de septembre (les deux débarquements en France ayant eu lieu entre temps), je mis mon projet à exécution. Ayant rejoint, avec un camarade de mon groupe de Chantiers, le village où rendez-vous nous avait été donné, je passai une partie de la journée dans un trou recouvert de branchages. Nous dûmes en fin d'après-midi traverser une route sur laquelle se déplaçait une sentinelle allemande puis une rivière et emprunter un sentier de montagne pour arriver, comme annoncé par notre passeur, près d'une maison fermée. Après reconnaissance, nous y fûmes introduits et nous trouvames au milieu d'un groupe de Partisans en "tenue militaire", étoile rouge au calot. Ceux-ci nous reçurent aimablement et nous permirent de dormir dans la paille de la grange. - Notre séjour dans le "maquis" ne fut pas de tout repos. Très peu nourris, changeant de campement tous les jours, marchant de très longues heures dans la montagne enneigée et fréquentée par des loups, portant des fardeaux pour nos accompagnateurs, nous fùmes rejoints par des prisonniers anglais évadés, un aviateur américain sauté en parachute d'un bombardier abattu et des Français de notre groupe des Chantiers évadés plus tard et...une comtesse autrichienne, elle aussi obligée d'abandonner son chateau car repérée par la Gestapo pour avoir hébergé des prisonniers évadés. Le jour de Noël, nous fûmes répartis dans des fermes de la montagne avant de rejoindre, le 26, la ferme où nous étions parvenus la veille. - L'aventure se termina le 27 décembre 1944 au matin: la ferme fut encerclée par trois compagnies de chasseurs alpins allemands. Notre accompagnateur (et intendant yougoslave) tenta de s'évader et, immédiatement pris sous les tirs plusieurs MG 42, fut abattu au milieu d'un champ de neige et achevé d'un coup de pistolet. La comtesse et les Anglais avaient pu disparaître à temps. Comment? Mystère...jamais élucidé ! - La suite : accompagnés par des soldats allemands, nous fûmes emmenés à pied à un village, puis transportés en train jusqu'à la ville la plus proche nommée Cilli (Celye en allemand) où nous nous retrouvâmes en prison. Le séjour fut court et nous fûmes ensuite ramenés à notre point de départ, Marburg où la prison nous accueillit. Nous étions onze Français, tous du même groupe des Chantiers, dans une cellule individuelle avec une couchette métallique rabattue contre le mur...et une tinette, individuelle elle aussi! La ville subit un bombardement, une partie de la prison fut détruite mais la nôtre, où nous étions restés enfermés, fut épargnée. Nous fûmes présentés à la Gestapo qui, entre parenthèses, savaient tout sur nous. Le 6 ou le 7 janvier certains d'entre nous furent embarqués dans un train qui nous amena, le 9, à l'entrée du camp de Dachau ("Arbeit macht frei¨= Le travail rend libre). Quelque temps après je fus désigné pour partir dans un Kommando (dépendant de Dachau) non loin de la frontière suisse: Kottern. Vacciné contre le typhus (?), je fus très vite frappé par cette terrible maladie dont mourait la quasi totalité de ceux qui étaient touchés. Aucun soin, plusieurs jours dans le quasi coma, je survécus et fut renvoyé sur Dachau, toujours couché sur la paille dans un wagon à bestiaux, pour y passer ma "convalescence". - C'est là que nous avons été libérés par des éléments de la VIIème Armée américaine le 30 avril 1945 puis rapatriés en France après un mois de convalescence dans la caserne des SS (libérée elle aussi). 2ème Partie : Carrière militaire - Pendant ma vraie convalescence dans ma famille, je me suis enquis auprès du Ministére de la Défense des résultats du Concours de SaintCyr que j'avais passé en 1943( en fait concours de H.E.C.) J'ai été informé que j'avais été reçu et que je devais suivre un peloton de sous-officier au camp du Ruchard, près de Tours. J'ai trouvé là beaucoup de déportés comme moi, notamment ceux de ma Promotion "Veille au drapeau". - Mars 1945 : arrivée à Coëtquidan où se retrouvent, à l'ESMIA, des gens de toutes origines en vue de suivre leur formation d'officier. Nous sommes au nombre de 1800, ce qui va entraîner plusieurs éliminations successives jusqu'à la sortie et l'amphi Arme. La promotion, qui reçoit le nom d' "Indochine", compte 780 officiers, dont un certain nombre sont également membres de la "Veille au drapeau", notamment les anciens déportés (comme moi). - Avril 1947 : sortie de l'Ecole (67ème sur 780), choix: Infanterie. Après une permission, au cours de laquelle je me marie, je rejoins l'Ecole d'application au Camp d'Auvours, près du Mans. - Octobre 1947 (ou novembre) : nous sortons prématurémént de l'Ecole en raison des événements politiques : la France est en révolution. Ayant choisi l'Infanterie de marine, je suis affecté au 1er BIMa à Satory. Le séjour y est très court : à peine arrivés, nous sommes engagés en maintien de l'ordre. Je me retrouve, avec une section dans une usine de Boulogne-Billancourt. De l'autre côté de la rue, une autre usine, elle aussi occupée par des militaires : il y aura un mort parmi les grévistes (insurgés) lors d'une attaque de l'usine. - A l'issue de ces événements, une permission au cours