En canonisant Edith Stein, le 9 octobre 1998, le pape Jean-Paul II a rappelé l'importance exceptionnelle pour notre siècle de cette femme juive, philosophie, religieuse et martyre.
Juive, elle l'est de par sa naissance - le 12 octobre 1891, en Pologne. Après une période d'indifférence religieuse, d'athéisme, elle le redevient avec plus de liberté et d'amour dans la lumière de la foi catholique qu'elle a embrassée : elle retrouve, transfigurée, la religion de son enfance.
Philosophe, elle se démarque de ses maîtres et s'engage dans sa voie propre en quête de la vérité dont, toute jeune, elle a perçu l'exigence. Assistante de Husserl, ses écrits contribuent à la réflexion phénoménologique autant qu'à l'analyse de la pensée de saint Thomas d'Aquin ; deux domaines a priori étrangers qu'elle aura, non sans succès, tenté de concilier.
Religieuse, elle vit sa vocation carmélitaine dans la lignée des grands maîtres de l'ordre - Thérèse d'Avila, Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux - dont elle assimile les enseignements jusqu'à atteindre à leur suite la contemplation mystique. Sa spiritualité nourrie de l'Ecriture sainte et des sacrements est sans cesse étayée par sa réflexion philosophique.
Martyre - celle qui se veut témoin du Christ crucifié sera déportée à Auschwitz en tant que catholique juive -, elle meurt gazée le 9 août 1942.
Son œuvre, importante, est partiellement traduite en français. Joachim Bouflet s'est attaché à laisser la plus grande place aux paroles d'Edith Stein et à celles des témoins de son temps. Cette biographie sous forme de récit vivant nous fait également découvrir une femme de conviction et de caractère dont la discrétion n'a pu dissimuler la puissance de la pensée et la grandeur d'âme.
Joachim Bouflet, historien, se consacre à la recherche et à l'étude des mentalités religieuses. Consuultant auprès de postulateurs de la Congrégation pour les causes des saints, il est l'auteur d'ouvrages sur divers figures spirituelles et sur la phénoménologie mystique.