En 1929, une célèbre mécène argentine, d'une grande beauté, rencontre un jeune rornancier français, jalousé pour ses conquêtes.
Quelques années plus tard, Victoria Oeampo fondera SUR, la plus brillante revue littéraire d'Amérique latine au XXe siècle; Pierre Drieu la Rochelle, après avoir trouvé, avec Le Feu follet et La Comédie de Charleroi, le ton juste de son inspiration, cédera finalement à la tentation fasciste.
Sur cette rencontre à haut risque, voici deux témoignages majeurs : les chapitres que Victoria consacre à Drieu dans son autobiographie et la correspondance inédite de Drieu. Leur étonnante sincérité ne nous révèle pas une idylle convenue entre deux personnalités sûres d'elles-mêmes, mais l'appel au secours que se lancent "deux enfants fascinés et perdus".
Fondée d'abord sur la force de l'attraction sensuelle, leur relation ne succombe pas à leurs divergences politiques, qui s'accusent au moment de la Guerre d'Espagne, lorsque Victoria prend résolument position contre Franco. Leur fidélité en amitié survit aux convulsions de I'Histoire et se fait tendresse et dialogue intellectuel, jusqu'au suicide de Drieu. N'écrira-t-il pas, en février 1944, s'imaginant lui-même dans le personnage de Benjamin Constant : "Ma Mme de Staël, ç'aurait été Victoria" ?
Elle sera l'une des rares intimes à qui il destinera son ultime confession testamentaire.
Avant-propos et notes de Julien Hervier. Traduit de l'espagnol (Argentine) par André Gabastou.
Professeur de Littérature comparée, Julien Hervier est l'auteur d'une thèse sur Pierre Drieu la Rochelle et Ernest Jünger. Il a édité et présente le Journal 1939-1945 de Drieu (Gallimard, 1992), sa correspondance avec André et Colette Jéramec, en collaboration avec Gilles Tchernia (Gallimard, 2009), qui a obtenu le pris Sévigné 2011.