La douce-amère est une plante grimpante dont les feuilles ont une vertu épurative bien connue des adeptes de la médecine naturelle et qui doit son nom à la saveur particulière de son écorce, tour à tour amère et douceâtre... Ce n'est toutefois pas un traité de botanique médicinale que nous livre ici Giorgio Adamo Muzzati, mais une gerbe de souvenirs, de rêveries, de croquis et de méditations, sous forme de contes, de récits ou de poèmes. Une enfance italienne en pleine Seconde Guerre mondiale, l'enfer de Diên Biên Phu, les geôles de la Ve République pour cause de fidélité à l'Algérie française, une finca en Espagne peuplée d'enfants et d'animaux... Cet ancien légionnaire se penche sur son passé avec sensibilité à la fois virile, lucide et délicate, et en tire un bilan d'une rare sincérité humaine. C'est un écrivain-né que Giorgio Adamo Muzzati traduit toutes les nuances de douceur et d'amertume qui colorent ces feuillets arrachés à l'arbre de toute une vie.
Engagé dans la Légion étrangère en 1949, à l'âge de 17 ans, sous le nom d'Edmond Bernucci, Giorgio Adamo Muzzati a combattu en Indochine et participé à la bataille de Diên Biên Phu où, à la tête de sa section, il a défendu la face ouest du PA Huguette 1. Fait prisonnier le 7 mai 1954, il fut interné au camp n° 71 après une marche de 700km. Blessé au feu, décoré de la Médaille militaire à 22 ans, cité trois fois à l'ordre de l'Armée, il fut libéré le 20 août 1954, puis affecté en Algérie. A la fin de 1961, il choisit d'entrer en dissidence et de poursuivre la lutte pour l'Algérie française. Il créa alors dans la région d'Affreville le maquis "Albert" qui livra le dernier combat en rase campagne contre une katiba du FLN. En juillet 1962, il réussit à regagner la France où il fut condamné à dix ans de réclusion par la Cour de sûreté de l'Etat. Libéré en 1966 à la suite d'une amnistie, Giorgio Adamo Muzzati vit depuis en Espagne.