Dans ce livre, qui n'avait jamais été traduit en français, Étienne Gilson, pour étudier le problème métaphysique de Dieu, brosse un panorama des rapports entre la philosophie et l'idée que les hommes se sont faite de Dieu. Partant de la philosophie grecque, il aborde successivement la philosophie chrétienne, la philosophie moderne et la pensée scientifique contemporaine. Sa grande culture et sa profonde vision métaphysique lui permettent de synthétiser en quelques pages la pensée philosophique d'auteurs aussi divers que Platon, Plotin, saint Augustin, saint Thomas, Descartes ou Spinoza. L'auteur montre de façon lumineuse que dans l'histoire des idées, la foi chrétienne, bien loin de s'opposer à la raison, a aidé celle-ci à surpasser ses propres limites et à atteindre le mystère de l'acte d'exister : "Les philosophes chrétiens ont dit, en se fondant sur les Grecs, des choses qui n'avaient jamais été dites par les Grecs eux-mêmes."
Il conclut que "la véritable métaphysique ne culmine pas dans un concept, que ce soit celui de Pensée, de Bien, d'Un ou de Substance. (...) L'ultime effort de la vraie métaphysique, c'est de poser un Acte par un acte, c'est-à-dire de poser par un acte de jugement le suprême Acte d'exister, dont l'essence même, parce qu'elle est d'être, surpasse la compréhension humaine."
"Celui qui est le Dieu des philosophes est Celui Qui Est, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob."
Étienne Gilson (1884-1978) fut professeur à la Sorbonne, à l'École pratique des hautes études, à Harvard et au Collège de France ; il fut élu à l'Académie française en 1946. Plusieurs ouvrages ont fait de lui le maître incontesté de l'histoire de la philosophie médiévale. Il a renouvelé l'étude de la pensée de saint Thomas d'Aquin en y dégageant une métaphysique de l'acte d'être. En 1929, il fonda à Toronto l'Institute of Medieval Studies. C'est là qu'il composa le cours qu'il professa en 1939 et 1940 à l'université de l'Indiana, et qui constitue le présent livre.