Nous avons lu et nous avons aimé
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.----. Nous avons lu et nous avons aimé : « Dieu dans l’Eglise en crise – Réflexion sur un grand mystère », du Révérend Père Augustin Pic op.
Le Révérend Père Augustin Pic, dominicain, docteur en théologie et professeur à l’Université catholique de l’Ouest (Angers), auquel nous devons la publication des textes et de la correspondance de l’abbé Edgeworth de Firmont (éd. du Cerf – 2013) – ouvrage que nous avons présenté dans les pages de ce blogue > vient de faire paraître, à la fin de ce mois de février 2020, un autre ouvrage remarquable intitulé « Dieu dans l’Eglise en crise » et sous-titré « Réflexion sur un grand mystère », dont l’éloquente illustration de couverture montre l’apôtre Pierre s’enfonçant dans les eaux du lac de Génésareth agitées par la tempête…
Avec la rigueur d’une pensée que l’on pourrait qualifier de chirurgicale, le Révérend Père Pic, ouvre une tumeur purulente avec le scalpel d’une solide théologie, parce que d’un bon diagnostic objectif dépend l’établissement d’un protocole sanitaire efficace en vue de la guérison.
A ce titre, cet ouvrage – dans lequel il ne faut pas s’attendre à trouver les mauvaises guimauves que servent trop souvent de trop nombreux clercs – est tout à la fois percutant, bienvenu et salutaire.
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
Interview du Révérend Père Augustin Pic par B. Vincent publiée sur le site de l’archidiocèse de Tours (source) :
D’où vous est venue l'idée d’écrire cet ouvrage ?
De la constatation que l’angoisse de dire Dieu, à un monde actuel qui n’en veut plus (globalement pris), fait que les Chrétiens tendent à déradicaliser les exigences chrétiennes, doctrinales et morales.
Quelle thèse y défendez-vous ?
Que Dieu n’a pas besoin de nous et que pour cette raison :
1. Son amour est un mystère insondable parce que parfaitement désintéressé, gratuit (puisque Il n’a éternellement besoin de rien ni de personne), donc très différent de l’amour entre humains, qui rend interdépendants les uns des autres.
2. Que son amour est exigeant parce qu’Il veut nous assimiler (sans fusion ni confusion) à Lui, qui est la sainteté même, donnant Sa grâce pour que ce qui est impossible à l’homme devienne possible par Lui. De sorte que si l’on refuse (au sens strict, car tous les refus ne sont pas le grand refus), on se perd pour l’éternité. Chose possible du côté de Dieu qui, précisément n’a pas besoin de nous alors même qu’Il S’offre à nous par amour. Le propre de l’amour éternel étant de pouvoir être refusé par l’homme créé libre (sans liberté de dire un non définitif, aucun oui pour toujours à Dieu n’est possible).
3. Que sans cela, les notions d’amour et de miséricorde divine deviennent comme folles, présentant un Dieu qui accepte tout et son contraire, en vertu d’une sorte de respect inconditionnel pour Sa créature et pour les aspirations qu’elle porte en elle. On le voit bien dans les questions morales actuelles, et dans la tendance à accueillir toutes les situations, même les plus opposées à ce que l’Eglise a toujours prêché de la part de son Seigneur.
Doit-on en déduire que la « crise de l’Eglise » n’aurait, pour vous, qu’une cause principale ?
Elle en a de multiples, que les dossiers historiques et doctrinaux font ressortir aussi bien que possible (sans être toujours d’accord entre eux, ce qui est normal, vu la complexité du sujet, tout en fournissant une base richissime de réflexions), mais ce livre essaie de montrer à quelle profondeur du mystère ces causes se nouent sans pour autant se confondre en une seule.
De Dieu, alors, quelle « image » souhaiteriez-vous que l’Eglise ait ?
Celle d’un Dieu dont le dessein montre, révèle, que l’amour ne se paie que par l’amour. Un amour dont l’une des dimensions nécessaires est l’obéissance, comme on le voit dans le fiat de l’Annonciation, Marie ne pouvant aimer qu’en obéissant de tout son être et ne pouvant obéir que par amour.
Enfin, à qui avez-vous pensé en rédigeant cet ouvrage ?
Au Peuple de Dieu dont je fais partie et qui a besoin comme moi d’un recentrement sur l’essentiel, sur le Dieu de la Bible, des Pères, des Saints, sur un mystère du Salut que l’œil n’avait jamais vu ni l’oreille entendu, qui jamais n’était monté au cœur de quiconque (I Co. 2, 9), et qui élève l’homme individuel et collectif au-dessus de lui-même, pourvu qu’il fasse pleinement sien peu à peu, jour après jour, ce fiat que Marie a offert, elle, entier du premier coup. Puisque la grâce originelle qui l’a rendue immaculée sera celle qui à la fin doit nous rendre saint et immaculés dans le Christ et l’Esprit devant la face du Père (Eph. 1, 4). Sans nous faire les égaux de Marie, bien sûr, puisque, à la joie de tous, son Fils l’a élevée au-dessus de tous.
PS : Le blog du mesnil (Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur. ) : Ayant conscience que le christianisme est la « religion de l’Incarnation », et que « de la forme donnée à la société, conforme ou non aux lois divines, dépend et découle le bien ou le mal des âmes » (Pie XII), l’Association « Refuge Notre-Dame de Compassion » défend et promeut toutes les valeurs traditionnelles de la culture et de la civilisation chrétiennes. Elle veut travailler pour que les structures de la société, les institutions, les lois et les arts soient en accord avec ces valeurs, dont la charité divine est la fin ultime.