"Mon frère dormait, ils l'arrachèrent de son lit avec dureté, pour fouiller dedans. Ma mère le prit dans ses bras tout transi de froid. Ils fouillèrent ensuite nos poches. Ils ôtèrent à ma mère une adresse de marchand qu'elle avait conservée, un bâton de cire à cacheter qu'ils trouvèrent chez ma tante, et à moi ils me prirent un sacré cœur de Jésus, et une Prière pour la France."
Très tôt le malheur s'abat sur Marie Thérèse Charlotte de France, plus communément appelée Madame Royale. Chassée du château de Versailles pour être enfermée à la prison du Temple avec sa famille, Marie-Thérèse connaît les souffrances du deuil, en voyant périr sur l'échafaud son père, Louis XVI, sa mère, Marie-Antoinette, et sa tante, Élisabeth, et en entendant l'agonie de son jeune frère, Louis XVII, alors âgé de dix ans.
Madame Royale refuse de s'enfoncer dans le mutisme, par force de caractère. Face à la tragédie, elle consigne dans un mémoire les faits marquants de sa captivité. Quelques années plus tard, durant son exil, elle rédige un second texte, ses souvenirs des premières heures de la Révolution. Ces écrits poignants constituent un témoignage précieux, celui d'une victime innocente et d'une femme courageuse. Seule survivante du Temple, Madame Royale laissera son empreinte sur le XIXe siècle, conquis par sa force d'âme et sa compassion.
Louis de Bourbon, chef de la Maison de Bourbon, préface Derniers jours à la prison du Temple pour raviver un épisode occulté de l'Histoire :
"Avec ce souhait de transmettre dans ces pages un témoignage émouvant de réalisme, Madame Royale ne peut, deux siècles plus tard, nous laisser indifférents. [...] Cette épreuve - le mot est faible - que la princesse Marie-Thérèse a subie, nous devons en tirer une force infinie."
Ces deux récits, aujourd'hui présentés au grand public pour la première fois depuis 1893, méritent l'attention de la postérité.