Une probabilité à ne pas repousser ou négliger
5/5 Lectures Françaises.
.----. « Philippe Bornet (ancien journaliste, écrivain, essayiste et historien du futur) pose la question : devant l'apparente déliquescence actuelle de la démocratie républicaine qui n'engendre que ressentiments et mécontentements, existe-t-il une autre voie possible ?
Il l'expose dans ce livre Demain la dictature, qui n'est pas exprimé comme une interrogation, mais plutôt comme ne probabilité à ne pas repousser ou négliger,u sans pour autant être une certitude ou la seule issue qui permettrait de sortir de l'impasse. Il en présente le contenu de la façon suivante : "L'Histoire est un sphinx qui dévore ceux qui ne savent pas résoudre ses énigmes, a dit Rivarol. Qu'est-ce qu'une dictature ? Comment naît-elle ? Où mène-t-elle ? Que signifie-t-elle ? Qu'est-ce qu'un dictateur, le plus froid de tous les monstres froids ?".
Son ouvrage est construit comme une étude historique des différentes dictatures qui ont été mises en pratique au cours de l'histoire : La dictature sous l'Antiquité et particulièrement à Rome - Bonaparte - Cavaignac et Louis-Napoléon Bonaparte - Pétain et Laval - De Gaulle. De plus il rappelle quelles sont les douze conditions qui doivent être réalisées pour qu'apparaisse une dictature. À méditer et à ne pas négliger devant l'état déplorable de la situation contemporaine qui nous est imposée. »
[ Jérôme Seguin, dans Lectures Françaises n° 743 - mars 2019 ]
Rétablir, par la force, un certain ordre !
5/5 Délit d'Images .
.----. Cette note est la suite d'un article qui portait dans sa première partie sur le livre « Vers la révolution. Et si la France se soulevait à nouveau » de Fabrice Grimal . vous pouvez la lire sur la fiche de ce livre . C’est là que l’essai de Philippe Bornet sur la dictature, vient éclairer d’un jour sombre celui de Fabrice Grimal. Car « la méditation des leçons du passé est la seule prophétie des gens raisonnables ».[12]
Qu’est-ce que la dictature en effet ? « Le propre de la dictature est d’être légale, au moins a posteriori »[13] avertit Philippe Bornet en s’appuyant sur une analyse détaillée des précédents historiques. Il montre que la dictature apparaît dans des circonstances précises : la guerre à l’extérieur, les factions et le chaos à l’intérieur.
« Les représentants de la nation doivent se sentir menacés par le peuple qui rêve de les voir finir au bout d’une corde. Aussi ces représentants prennent-ils le pari de se désister au profit d’un dictateur, qui confisquera peut-être ce pouvoir auprès duquel ils émargent, mais endossera aussi le passif de leur échec et confirmera leurs privilèges. Avant toute dictature, il y a négociation et rachat à bon compte d’une dette historique entre l’oligarchie et le futur dictateur »[14]. Et c’est pourquoi il est préférable que « le futur dictateur fasse partie de l’oligarchie, qu’il en partage les intérêts et les préjugés, les mœurs et le langage »[15].
La dictature vise donc à rétablir, par la force, un certain ordre. « Plutôt une injustice qu’un désordre », tel est toujours le mot d’ordre du parti de l’ordre. La dictature se présente alors comme le moyen d’empêcher la révolution ou de l’arrêter une fois déclenchée. Pour préserver parfois aussi l’intérêt de ceux qui en ont profité, comme ce fut le cas de la bourgeoisie française après la Terreur.
L’analyse de Philippe Bornet débouche évidemment sur une interrogation sous-jacente : la dictature peut-elle revenir au goût du jour en France – qu’elle soit une dictature 2.0 ou un totalitarisme mou ne changeant rien à l’affaire ?
Ou pour le dire autrement : qui peut prendre le pari que la dictature ne sera pas l’ultime recours des profiteurs de la révolution néocapitaliste – l’oligarchie, l’eurocratie, ses idiots utiles ou la macronie aux abois – qui a conduit les peuples à la déchéance, à la pauvreté et finalement à la révolte ?
Alors, la France est-elle à l’heure de la révolution ou de la dictature ? Ou bien des deux à la fois successivement ?
Pour répondre à ces interrogations, mais aussi mieux comprendre ce qui se passe dans notre pays, on ne saurait donc trop recommander la lecture croisée de l’essai de Fabrice Grimal Vers la révolution avec celui de Philippe Bornet Demain la dictature.
Michel Geoffroy
[12] Phrase figurant sur la quatrième de couverture
[13] « Demain la dictature » op.cit. page 114
[14] « Demain la dictature » op.cit. page 217
[15] « Demain la dictature » op.cit. page 219
[ Source : Correspondance Polémia ]
