Notre civilisation est comparable à un navire, dont le capitaine aurait perdu la raison, et dont le compas, en outre, serait déréglé ; elle est entraînée dans une aventure dont personne ne semble comprendre le sens, même si quelques prophètes des plus suspects, prétendent apercevoir une aube radieuse. Embarqué dans cette galère, un passager plus raisonnable que les autres, doit s'emparer d'un sextant et tenter de faire le point. La première chose qui s'impose est de comprendre la situation, la deuxième de proposer des solutions. Puisque la majorité des passagers de notre planète paraissent non seulement ignorer les dangers qui les entourent, mais encore, ce qui est plus grave, avoir oublier les repères et les critères qui permettent de juger et de se diriger, il serait peut-être bon de leur ouvrir les yeux et de leur faire toucher du doigt les désordres, les anomalies, quelquefois les monstruosités de notre époque.
Comment et pourquoi la situation de l'Occident, sinon de la planète entière, s'est-elle dégradée à ce point ? Pour répondre à cette question, il faut remonter aux origines du monde moderne, à cette époque qui est portée aux nues par les progressistes mais rejettée avec mépris par les traditionnalistes, et connue sous le nom de Renaissance, mais désignée d'un façon plus pertinente par Chesterton : La Re-Chute. Sur les ruines de la chrétienté, sapée d'abord par le protestantisme, ensuite le philosophisme, s'est élevé progressivement une croyance en une humanité infaillible et autonome, ne recevant de lois que d'elle-même, et, en théorie, n'obéissant qu'à elle-même, littéralement la religion de l'homme mis à la place de Dieu et cse faisant adorer comme s'il était Dieu.