Histoire des hommes plus que des idées !
5/5 Plaisir de Lire .
.----. Après un superbe album intitulé "la droite en mouvement - Nationaux et nationalistes sous la IIIème République" (publié aux mêmes éditions), Francis Bergeron et Philippe Vilgier nous offrent ici une passionnante étude sur la droite nationaliste depuis 1958 . Pour la première fois, son histoire est narrée par des gens qui en sont issus et qui rétablissent la vérité face aux éternelles ritournelles des gauchistes du "Monde" (Plenel et Rollat) et des pontifiants universitaires progressistes (Duverger, Rémond...). Un récit vivant, documenté, illustré de quelques tableaux, oubliant somme toute peu de monde, même si la part faite à la mouvance Front National est belle, comme en témoigne un titre un peu racoleur qu'on aurait pu éviter .
On regrettera en revanche deux choses . D'une part le côté "œcuménique" sans discernement qui aboutit parfois à une sorte de "mêli-mêlo" (notamment en ce qui concerne les Faisceaux Nationalistes Européens de Fredricksen). Mais c'est là l'ambiguïté du nationalisme : il n'a jamais su se couper totalement de son origine révolutionnaire . En outre, mêler les légitimistes, qui ne sont pas à proprement parler nationalistes (plutôt patriotes), et qui refusent le faux débat droite-gauche, à la nébuleuse "extrême-droite" n'est pas très judicieux .
D'autre part, le même reproche peut être fait en ce qui concerne le catholicisme traditionnel . Nier son influence et son rôle serait nier les faits, mais l'incorporer, même avec des réserves, au nationalisme est non seulement une erreur doctrinale mais une erreur de prudence .
Averti de ces dangers, le lecteur trouvera cependant dans ce livre facile d'accès, matière à réflexion et méditation sur les erreurs et échecs passés et les leçons qu'on peut en déduire pour l'avenir de la France . Ce ne seront peut-être pas celles des auteurs, qui nous paraissent superficielles comme leur analyse des idées liées au nationalisme . En somme, ce livre est plus une histoire des hommes que des idées ; cela était nécessaire pour l'histoire . Mais ce n'est sans doute pas l'essentiel... [ " Plaisir de Lire " , numéro 71 , Pâques 1986 ]