"Ce guerrier est un éducateur", déclarait Edouard Herriot, le mardi 15 janvier 1952, en hommage à Jean de Lattre de Tassigny, disparu quelques jours plus tôt. "Guerrier", d'abord, car sa carrière militaire, commencée en 1908, englobe les conflits de l'armée française au XXe siècle, des champs de bataille de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale aux théâtres d'opérations extérieurs, du Maroc à l'Indochine.
"Educateur", ensuite, parce que cette dimension est indissociable de l'oeuvre de De Lattre. La volonté d'instruire et d'encadrer la jeunesse apparaît dans les nombreux commandements qu'il occupe, comme chef de peloton de cavalerie ou comme général, placé à la tête de la 1re armée française. Quant à la personnalité du maréchal de Lattre, elle continue bien après sa mort à susciter les plus vifs commentaires, les uns mettant en avant ses atouts - animateur hors pair, travailleur infatigable -, les autres préférant relever ses défauts - ses colères, sa vindicte, son goût du faste.
Il n'en fut pas moins un chef de guerre exceptionnel, et c'est sans doute là qu'il convient de trouver sa plus grande qualité, dans l'encadrement et le commandement de la troupe, dans son aptitude à susciter l'adhésion et à mener les hommes.
Officier au Service historique de la Défense et docteur en histoire, Ivan Cadeau est également rédacteur en chef adjoint de la Revue historique des armées. Auteur de plusieurs ouvrages, il a publié, chez Perrin, La Guerre de Corée.