L'antiracisme, qui est devenu la nouvelle idéologie internationale, se signale en France par la dictature de nouveaux dévots dont le zèle inquisitorial, l'hypocrisie, la volonté de culpabilisation sont particulièrement à l'oeuvre dans le milieu prétendu littéraire, où le faux règne en maître. L'écrivain qui s'aventure encore à nommer le réel et en appelle à l'intégrité de son être comme au génie chrétien de la nation, celui-là est non seulement traité de "réac" ou de "facho", suivant la typologie héritée de la Propagande communiste, mais il est surtout accusé de "racisme" : criminalisation de la pensée, pour laquelle il encourt l'ostracisme, la censure, le tribunal.
La plupart sont amenés à se taire, ou à bêler avec les brebis pénétrées par le Bien. Quelques-uns parlent, cependant, comme Richard Millet qui, à l'accusation de "racisme" lancée contre lui par le parti dévot, répond que l'antiracisme est une terreur littéraire, c'est-à-dire un des vecteurs du Faux, et une vraie forme de racisme visant à éradiquer cette vérité qu'on appelle littérature, donc la vérité sur le monde.
Richard Millet est romancier, essayiste, éditeur et membre du comité de lecture de Gallimard. Il est considéré comme l'un des plus grands auteurs français contemporains. Chez cet éditeur, il est notamment l'auteur de La voix et l'ombre, La Fiancée libanaise, L'Enfer du roman, Tarnac, La Confession négative, Le Balcon à Beyrouth, Le Renard dans le nom, Ma vie parmi les ombres, Lauve le pur ou La gloire des Pythre.
Chez Hermann, il a publié Arguments d'un désespoir contemporain et chez Pierre-Guillaume de Roux, Fatigue du sens (Prix des Impertinents, 2011).