La guerre, c'est comme le citron, ça avive les plaies et relève le goût du plat, du plat commun, de la vie de tous. C'est ce que semble dire Jacques Perret, tout en vidant sa musette. Et la guerre, lui, Perret, il la connaît : la der des ders fera rapidement de son père un prisonnier et de son frère aîné un mort parmi d'autres, livré à la boue et à la fosse. Frère dont il nous narre, dans La Mort de mon grand frère, la brève vie militaire et le transfert des cendres, texte bouleversant marqué par le "cri étouffé" d'une mère endeuillée à vie. En 1921, il se donne à la guerre du Rif (ses papiers et son maigre argent le sauveront : entendez par là que son portefeuille déviera un coup de poignard) ?; prisonnier en 1939, le caporal se désépingle à la quatrième tentative ?; fait la belle, il intègre l'ORA (la Résistance militaire). 1954, les "événements" d'Algérie lui offrent une nouvelle occasion de remonter au front et de batailler pour l'Algérie française. Ces temps forts, politiques et aventureux, d'une vie d'évadé de naissance on les retrouve dans d'autres articles de cette "musette" : Accident du travail (et les solidarités clandestines), Le retour à Berlin du caporal épinglé (ou comment l'artiste vient rôder sur les lieux de son chef-d'œuvre : son évasion), Scarlett derrière les barbelés (Margaret Mitchell en marraine de guerre), Prisonnier de guerre (ou comment faire un sort à la "fraternité" des camps). En bouquet final Pour Ramos rend un nouvel hommage au héros résistant de Bande à part. Ainsi fut Perret, atypique et Français toujours, délectable écrivain.