Deux paroles seulement sur le titre de cet opuscule.
CREDO : mot tout-puissant. Comparée aux merveilles qu'il opère, la création du ciel et de la terre ne semble qu'un jeu. Avec ce seul mot, les premiers Chrétiens firent reculer le monde païen, lassèrent les bourreaux et vainquirent les Césars.
CREDO : mot toujours ancien et toujours nouveau, toujours nécessaire et toujours efficace. Seul, il peut donner aux fils la victoire qu'il obtint aux aïeux: Hoec est victoria quoe vincit mundum fides nostra.
CREDO: mot odieux à l'enfer, dont tous les efforts se résument à le bannir du langage et à l'arracher du cœur des individus et des peuples.
REFUGE : au pied du grand Saint-Bernard, sur le bord du difficile sentier qui monte au célèbre hospice, est une habitation de modeste apparence, mais construite en pierres de taille, fortement voûtée et toujours ouverte: on l'appelle le Refuge. C'est là que le voyageur devancé par la nuit ou assailli par la tourmente trouve un asile assuré.
En vain, les vents déchaînés, sinistres précurseurs de l'orage, ébranlent les forêts d'alentour ; en vain d'épaisses masses de neige, poussées en sens contraires, obscurcissent l'horizon ; en vain l'ours noir rôde dans le voisinage, cherchant sa proie ; en vain l'avalanche se précipite du flanc des glaciers, rapide comme la foudre, pesante comme une montagne qui s'écroule : tranquille sous sa voûte de granit, le voyageur se rit du danger.
Quand les éléments conjurés ont calmé leur fureur, quand les bêtes féroces sont rentrées dans leurs tanières et que le ciel est redevenu serein, il reprend, reconnaissant et joyeux, sa route escarpée vers le couvent hospitalier.
Plus exposé que le voyageur des Alpes est le chrétien du dix-neuvième siècle. Des ouragans, des tourmentes, des animaux malfaisants, des avalanches bien autrement redoutables menacent sa vie, sa vraie vie. Chaque jour et presque à chaque heure il a besoin d'un refuge.
Ce refuge, il le trouve dans ce mot : credo.
Lui faire connaître l'existence, la nécessité, la sûreté de ce refuge, afin qu'aux heures du péril il s'y mette à couvert, certain d'échapper à toutes les attaques de ses ennemis, si perfides ou si violents qu'ils soient: tel est le but de cet opuscule.