Un livre passionnant d'aventures militaires
5/5 Le Sel de la Terre
.----. Un livre passionnant d'aventures militaires qui permet de comprendre, dans
certains détails, la conquête de l'Algérie. D'abord sa préparation par Napoléon Ier
qui y envoie un habile espion (Vincent-Yves Boutin, 1772-1813) repérer les lieux
en cinquante-deux jours. Ensuite sa mise en oeuvre au milieu de grandes
difficultés liées au climat et au terrain, mais surtout à l'ignorance de la mentalité
musulmane (cf. par exemple le désastreux traité de Tafna, en 1837, obtenu par le
rusé Abd el-Kader) et à la complexité ethnique de cette immense région (des
tribus berbères, des descendants des envahisseurs arabes, des Marocains implantés
au 18e siècle, des Turcs – tous plus ou moins islamisés).
A plusieurs reprises, l'auteur décrit la barbarie musulmane : le 5 juillet 1830,
quand la troupe pénètre dans Alger pour la première fois, afin de se rendre à la
Casbah où réside le dey, il faut traverser des rues où sont entassés des centaines de
cadavres mutilés de Français.
Dans le bagne d'Alger, les soldats vont libérer cent vingt deux esclaves chrétiens
qui ressemblent surtout à des squelettes.
Encerclant Tlemcen, les hommes d'Abd el-Kader envoient aux assiégés, tenaillés
par la faim et la soif, des oreilles coupées sur les prisonniers, ajoutant : « En
attendant que les Roumis viennent vous apporter des vivres, mangez çà ! »
Le 23 mai 1843, le brave Mustapha (78 ans), ami de Lamoricière, tombé dans
une embuscade, est grièvement blessé par les rebelles qui lui coupent la tête et la
main droite pour les porter à Abd el-Kader.
Ne parlons pas du dey d'Alger que le comte de Bourmont laisse partir en juillet
1830 avec ses cinquante-cinq femmes...
Enfin, après avoir insisté sur les faits d'armes et exalté les vertus militaires des
soldats, l'auteur aborde la question de la colonisation. Hélas, les conceptions
variaient et même s'opposaient : Bugeaud voulait des colons militaires et
Lamoricière des civils avec des capitaines pour mettre en valeur les terres. Comme
l'Algérie dépendait de la France, les tristes et incessantes fluctuations politiques de
cette dernière, livrée à la franc-maçonnerie, à l'athéisme anticatholique et à la
finance apatride, entraînaient de constants changements de gouverneurs et de
généraux. Ajoutons que la colonisation ne se voulait surtout pas évangélisatrice,
hélas ! On connaît le châtiment prédit par le père de Foucauld, et qui nous frappe
actuellement... !
Au début de son livre, l’auteur donne la liste des trente militaires (en fait, trente et
un, car deux des fils de Louis-Philippe sont groupés dans un même chapitre) qu’il
met à l’honneur, avouant qu’il a dû faire un choix.
Tous ont leur portrait représenté. On lira en souriant le chapitre « As-tu vu la
casquette du père Bugeaud ? » qui rappellera des souvenirs de jeunesse à
certains… [ Le Sel de la Terre, n° 104, printemps 2018 ]