Les débuts de sa vie / Ils sont devenus célèbre .
5/5 L'Homme Nouveau .
.----. La vie de Verlaine semble être celle d’un homme constamment accroché à la paroi d’une gorge profonde, bien conscient de s’y trouver et qui préfère s’installer dans une niche inconfortable plutôt que de s’épuiser à grimper jusqu’au sommet. Son regard oscille constamment entre le peu de ciel qu’il aperçoit, dont il sent avec plus d’acuité qu’aucun homme les quelques rayons qui lui parviennent, et le fond du précipice où la gravité ne cesse de l’attirer. C’est le début de cette vie vertigineuse que Les Confessions raconte, précisément jusqu’à la rencontre de Rimbaud. Il y détaille sa naissance, son enfance et son adolescence, qui sont aussi celles de ses vices, luxure, paresse et ivrognerie, qui croissent autant que baisse sa foi, quels furent ses années de collège et son passage à l’armée, et surtout le mariage avec Mathilde, mariage d’amour qu’un fugitif des Ardennes allait pulvériser. Le style est hésitant, aussi cahoteux que sa vie en fait, plein de lourdeurs et de phrases peu correctes, et bien entendu constellé de vers, les siens, ceux de ses amis, ou ceux du bon peuple. Les Poètes maudits est ce célèbre recueil d’articles destiné à présenter ces poètes qui, à l’époque où l’on estimait Coppée et Catulle Mendès, étaient parfaitement inconnus (sinon dans les tavernes), à savoir Corbière, Rimbaud, Mallarmé, Marceline Desbordes-Valmore, Villiers de l’Isle-Adam et Bleu Coton. La roue a été tournée et ce sont eux qui sont maintenant les plus célèbres, ils ont été longuement analysés et commentés, mais le regard que leur porte Verlaine reste intéressant. Une édition de Verlaine prosateur, mais jamais loin du vers. [ Philippe Kersantin dans " L'Homme Nouveau " numéro 1536 - 16 février 2013 ]