émergence du panarabisme et du sionisme.
5/5 L'Homme Nouveau
.----. En pénétrant à Jérusalem en avril 1917 à la tête du détachement français de Palestine, le colonel Jean Philpin de Piépape prenait en quelque sorte une revanche sur l’histoire. La France n’avait plus mis les pieds à Jérusalem depuis sa défaite face à Saladin en 1187, même si elle bénéficiait d’une influence sur une partie du Levant, acquise par les Capitulations signées entre François Ier et le sultan Soliman le Magnifique en 1536, traité qui lui conférait le rôle de protectrice des chrétiens d’Orient.
Cette situation attisait la jalousie des Anglais qui surent profiter de la chute de l’empire Ottoman pour intégrer les soldats français dans leur propre corps expéditionnaire.
Cet épisode est inclus dans la présentation du contexte géopolitique proche-oriental de la Première Guerre mondiale, où l’effacement turc s’accompagne de l’émergence du panarabisme et du sionisme.
Malgré bien des difficultés et des humiliations, décrites en détail par Denis Chevignard, docteur en histoire, la France parvint à rouvrir les écoles catholiques à Jérusalem mais elle dut céder à la Grande-Bretagne le mandat sur la Palestine auquel elle pensait avoir droit.
[ Signé : Annie Laurent dans L’Homme Nouveau, numéro 1765, 27 août 2022 ]
Un véritable régal pour l’authentique amateur
5/5 https://present.fr/
.----. Denis Chevignard est un historien militaire, et donc il ne nous épargne aucun détail militaire, grâce aux archives du Service historique de la Défense. Pour reprendre une expression consacrée, il ne manque « pas un bouton de guêtre » à son récit, qui est un véritable régal pour l’authentique amateur. On connaît ainsi les carrières de tous les officiers engagés dans cette guerre, dont en particulier celle du colonel Jean Philpin de Piépape, qui commandait les troupes françaises et fut nommé en octobre 1918 administrateur de Beyrouth (il finira général de division). L’ouvrage est d’ailleurs complété par un intéressant cahier photo, qui nous propose aussi bien le portrait des principaux protagonistes que des cartes permettant de suivre les marches et contremarches du détachement français en Palestine.
[ Signé : Jacques Breil le 17 juin 2022 ]
Qui se souvient ?
5/5 https://politiquemagazine.fr/
.----. Les Français ont foulé toutes les terres de la planète. Les Britanniques aussi, qui jouissent du décolonialisme quand nous connaissons la repentance.
Simplement, ces derniers ont davantage étudié leurs équipées au Levant, quand nous semblons comme sur la retenue. Denis Chevignard vient fort heureusement partiellement combler ces lacunes avec son Combattants français en Palestine : 1917-1918, chez Via Romana. Qui se souvenait en effet que le 11 décembre 1917, alors que le général britannique Edmund Allenby faisait son entrée en arme dans Jérusalem, il était flanqué du colonel Jean Philpin de Piépape, premier gaulois à faire son entrée en armes dans la ville depuis qu’elle avait chuté aux mains de Saladin le 2 octobre 1187 ?
Les tranchées étaient encore béantes quand Lyautey et Briand, vers Noël 1916, furent convaincus qu’il fallait s’élancer au Proche Orient afin de ne pas l’abandonner à Londres. Des troupes qui jouèrent un rôle essentiel pour soutenir la crédibilité de François Georges-Picot, nommé Haut-Commissaire en Palestine en avril 1917, et dont l’histoire a retenu l’amour des tracés. La France partait de loin, le traité des capitulations avait été dénoncé par la Sublime Porte le 9 septembre 1914 et Paris ne bénéficiait pas de la clarté stratégique anglaise dans la région : sionisme et pétrole. Pire, Guillaume II avait effectué un voyage retentissant vers l’Oronte en 1898. Les volontaires de SOS chrétiens d’Orient qui observent Héliopolis, l’imposante Baalbeck, s’arrêtent parfois dans l’exposition photographique qui clôt la visite et éparpille les clichés du Teuton, passablement fasciné par les lieux.
Denis Chevignard décrit malicieusement le caractère britannique : « Ce fut tout le jeu subtil de la diplomatie britannique de chercher par tous les moyens à atteindre ses seuls objectifs ; en s’attirant les bonnes grâces des différents alliés potentiels dans cette région, sans trop s’engager en leur laissant miroiter des contreparties parfois antagonistes, qui se révélèrent à posteriori des duperies. » On appelle cela le fair-play, outre-Manche.
Détachement français en Palestine
Fidèle à ses usages, la France avait sabordé l’un de ses meilleurs atouts. La dissolution et l’expulsion des congrégations avaient évidemment abîmé une partie du lien ancestral avec les terres bibliques. Difficile de faire jeu égal avec le corps expéditionnaire britannique, d’ailleurs : ils furent 140 000 Britanniques pour à peine 2 000 Français. Le nom de nos troupes fut cependant glorieux. Qui ne rêve pas en entendant « Détachement français en Palestine » ? Parmi eux, nombre de chrétiens d’Orient : la légion arménienne, qui avait tant d’horreurs à venger, mais aussi des chrétiens syriaques de Turquie et d’Irak, et d’autres communautés encore. Ils obtinrent que Paris renforçât les troupes, atteignant les 7 000 hommes, en février 1918, quand la métropole sentit qu’il y avait quelque prestige à tirer du sacrifice des soldats débarqués à Port-Saïd une année plus tôt. Raid de Jaffa, suivant l’entrée dans Beyrouth le 20 octobre, obtention de la Cilicie et de la Syrie, après l’armistice avec les Turcs, l’héroïsme de cette troupe ouvrit une page d’histoire dont la mémoire et les conséquences dictent la vie orientale encore aujourd’hui. Les barbares de l’Organisation État islamique n’avaient-ils d’ailleurs pas scénarisé leur renversement de la ligne Sykes-Picot ?
Qui se souvient des hommes tombés aux côtés de la légion arménienne ? Qui se souvient des frères des martyrs des déportations ottomanes embrassant notre drapeau pour honorer leurs défunts ? Nous aurions bien tort de nous repentir d’avoir aimé ces gens-là…
[ Signé : Charles de Meyer et publié le 5 juillet 2022 par Politique Magazine ]
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La détermination britannique ...
5/5 Lectures Françaises.
.----. Nous remercions Denis Chevignard de nous raconter en détail un épisode peu connu de la Première Guerre Mondiale : les combats que menèrent les hommes du détachement français de Palestine en 1917-1918 sous les ordres du colonel de Piépape. Grâce au professeur Chevignard ils sortent d'un oubli injuste.
Le gouvernement français, à l'initiative du général Lyautey, ministre de la Guerre, décida en avril 1917 d'envoyer 2700 hommes en Palestine pour combattre les troupes germano-turques. Ces soldats, dont le nombre fut porté à 7000, furent intégrés dans le corps expéditionnaire anglais commandé par le général Allenby. L'objectif des Anglais était d'évincer les Français du Proche-Orient d'autant que l'on venait de découvrir du pétrole et que la perfide Albion soutenait la proposition de Theodor Herzl de crées un Etat juif en Palestine, à la suite de la déclaration Balfour de novembre 1917
La prise de Jérusalem par les Anglais, en présence des Français, marquait non seulement la fin de la domination turque, mais aussi celle de l'ancien protectorat français.
L'offensive anglo-française se solda par la déroute des armées turques qui demandèrent un armistice signé le 30 octobre 1918. La France héritait du littoral syrien, de la Cilicie et d'une zone d'influence couvrant la Syrie et le nord de l'Irak qui fut finalement cédé aux Anglais le 8 mai 1919.
Il est intéressant de souligner que, vingt-deux ans plus tard, les troupes françaises fidèles au gouvernement du maréchal Pétain allaient se trouver face aux troupes anglo-gaullistes en Syrie. Le vent de l'Histoire, certes, avait tourné, mais la détermination britannique restait intacte.
[ Signé : Olivier Destouches dans le numéro 783-784, juillet-août 2022 de Lectures Françaises. Tous les numéros de notre revue sont présentés sur ce site et sont très souvent encore disponibles ( elle parait depuis 1957 et a été créé par Henry Coston ) ]
Un auteur très renseigné !
5/5 https://lanef.net/
.----. Contexte : l’entrée en guerre, début novembre 1914, de l’Empire ottoman qui officialise son alliance avec l’Allemagne et va devoir faire face à la Triple Entente.
On veut dire les Russes, presque tout de suite victorieux sur le front du Caucase.
Aussi les Anglais, tout de suite maîtres de Bassora, au fond du golfe Persique, et qui stoppent une tentative turque contre le canal de Suez.
Quand même, à l’actif de l’Empire, outre le cuisant échec franco-britannique des Dardanelles en 1915, se produisit la reddition anglaise de Kut el Amara en avril 1916. Mais un sursis cela. Car le ratage d’une seconde offensive vers Suez préparait la campagne britannique du bout de l’année en direction de la Palestine – campagne d’ailleurs soutenue par le panarabisme, au service celui-ci d’Hussein ibn Ali, chérif de La Mecque, et de ses fils Fayçal et Abdallah. Lesquels engagèrent la lutte avec, à leurs côtés, le légendaire T.E. Lawrence.
En 1917 donc, Gaza et Jaffa conquises, l’armée anglaise d’Égypte du général Allenby s’empare le 9 décembre de Jérusalem. Puis en 1918, devenue armée anglo-arabe, le 1er octobre elle prend Damas, future capitale d’un grand royaume que l’émir Fayçal ne put décrocher. En effet, selon les accords secrets Sykes-Picot de 1916, la France ayant obtenu mandat sur le Liban et la Syrie après la défaite ottomane, Fayçal et Abdallah durent se contenter respectivement de l’Irak et de la Transjordanie placés, comme la Palestine, sous mandat britannique.
Et le Détachement français, appelé à partir de janvier 1919 Troupes françaises du Levant ? Et son chef le colonel Philpin de Piépape ? Intégré dans le corps expéditionnaire anglais, c’est l’histoire, mal connue, que retrace le petit livre d’un auteur très renseigné.
[ Signé : Michel Toda juin 2022 ]
[ À propos Michel Toda : Historien, collaborateur régulier de La Nef, est l'auteur notamment de Henri Massis, un témoin de la droite intellectuelle (La Table Ronde, 1987), Bonald, théoricien de la Contre-Révolution (Clovis, 1997), Parcours français. De Corneille à Jean Guitton (La Nef, 2007). ]
PS : Qu'est-ce que La Nef ? : La Nef a été créée en décembre 1990, c'est un magazine mensuel, catholique et indépendant. Ce faisant, La Nef s'inscrit clairement et sans complexe dans une ligne de totale fidélité à l'Église et au pape qui la gouverne.