"Mon fils ne lit pas, ou très peu. Que lui faire lire pour essayer de lui donner le goût de la lecture ? Pouvez-vous me faire une liste ?" Des lettres de ce type (où le mot "fils" peut être remplacé par "fille", "petit-fils", "petite-fille"), il ne se passe guère de semaines sans que je n'en reçoive plusieurs. Pour ne parler que des lettres. Car, au détour de telle ou telle signature, d'une conférence ici, d'un dîner-rencontre là, une même inquiétude est souvent exprimée par parents et grands-parents.
On peut les comprendre. Un enfant qui ne lit pas se prive d'abord d'un grand bonheur ! Il se prive aussi de la plus grande des libertés. Celle du rêve, de l'imagination, de l'aventure. Rien - et même pas le plus grand film à grand spectacle du monde - ne vous fera aussi bien pénétrer qu'un livre à la Cour du roi Arthur, dans l'atelier de Gepetto, la forêt de Sherwood, l'île au trésor, l'île de Robinson, la jungle de Mowgli, sur le bateau du capitaine Crochet, dans le secret des mines du roi Salomon.
Rien ne vous fera jamais aussi bien qu'un livre passer derrière le miroir, déjeuner à la table du comte de Monte-Christo, répondre à l'appel de la forêt, pleurer avec Olivier Twist, galoper et ferrailler avec D'Artagnan, vagabonder avec Tom Sawyer, chanter avec Heidi, rêver avec les filles du docteur March et faire le tour du monde en 80 jours !
Un mot encore. Pour dire que ce sont les parents qui ont la clef de la porte qui peut ouvrir à leurs enfants et petits-enfants un monde merveilleux. Le drame, c'est que les adultes - tout aussi captifs de la télévision que les enfants ne lisent presque plus. Alors ? Ouvrez vos livres. Vous verrez comme c'est bon.
Alain Sanders