Ciel de feu suivie de Les blés seront plus beaux

Doté d’une imagination aussi pantagruélique que son appétit, Il n’est pas étonnant que Léon Daudet ( 1867-1942) se soit souvent laissé tenter par la dystopie ou l’uchronie pour exprimer en toute liberté ses propres thèses – comme dans cet étonnant  et prophétique Ciel de feu, paru en 1934, où l’écrivain royaliste décrit rien de moins qu’une seconde guerre mondiale. Les Allemands – et non les nazis, qui ne sont plus au pouvoir-, désirant prendre leur revanche sur les Alliés, attaquent la France, l’Angleterre et l’Italie avec toutes les ressources de la guerre moderne, y compris chimiques et bactériologiques, anéantissant d’un coup la population londonienne. Heureusement, la France a des ressources – et notamment, dès les premières lignes du roman, "le commandant d’État-Major breveté Marc Valaire, espoir de l’armée". Homme de pensée et d’action, patriote et maurrassien affiché, Valaire est convaincu que c’est la force motorisée qui permettra de remporter la guerre : et l’on reconnaît aisément le modèle de Valaire, qui n’est autre que De Gaulle, surnommé le "colonel Motors", lui aussi commandant breveté d’état-major, et qui, en 1934, prononce une conférence au cercle Fustel de Coulages, directement lié à l’Action Française. Peut-être lui offrit-on à cette occasion ce roman qui parlait de son double : comme De Gaulle, Valaire sera rapidement promu général avant de devenir l’acteur décisif de la victoire.