Le style ... est un bonheur
5/5 Réseau Regain
.----. Il préfère entretenir son lecteur de
tout ce qui remonte à la plus haute
antiquité: les œufs des carmélites,
les Mossis de Ouagadougou, l’écrevisse-
pistolet, l’exode rural, la guenon
de Michel Simon, l’auto à laver
et les intellectuels de gauche. Raison
pour quoi, rassemblées en volume
afin de narguer les prêtres cérémonieux
de la commémoration, ses
«Chroniques 1968» sont indémodables.
À la révolution de Mai-68, il
n’accorde qu’un fataliste «Il faut faire
confiance aux événements, ils finissent
toujours par se produire» et un
clairvoyant «Les événements ne sont
rien, ce qui compte, c’est leur légende
». .. ******** ..
Nulle trace, dans ce recueil délectable,
de Cohn-Bendit ou de Geismar.
Mais l’on y trouvera de vibrants
éloges de Chaval, Sempé entre autre.
Et, entre deux chroniques drolatiquement
détraquée, l’un des plus
beaux adieux à son ami Jean Paulhan,
disparu en octobre 1968, qui
publia son premier roman et ses traductions
de Kafka. «Ceux qui s’en
vont, au lieu de partir dans le temps,ont l’air de partir dans l’espace.» Le
style de Vialatte est un bonheur. Il
faut le lire au petit bonheur la
chance. Et c’est ainsi que Vialatte est
grand. ( Notes de lectures de Georges Leroy ; Janvier 2009 ]
Un original inclassable !
4/5 Réseau Regain
.----. Alexandre Vialatte est né le 22
avril 1901 à Magnac-Laval (Haute-
Vienne). Chroniqueur dans La Montagne,
introducteur de Kafka dès
1925, traducteur singulier de
Nietzsche, billetiste rare dans des
mensuels comme Adam et Arts Ménagers
dans les années 60. Cet original
inclassable, ce blessé en verve, ce maître en pensées télescopées meurt
auvergnat, à Paris le 3 mai 1971. .. ******** ..
En mai 1968, l’auteur, qui tient
chronique dans le quotidien La Montagne,
préconise la fréquentation du
requin bleu au prétexte qu’«il chasse
l’ennui». Au plus fort des émeutes, il
plaide pour la consommation de
viande de cheval: «Au contraire de
l’huître et de la moule, le cheval ne se
mange que mort » il conseille
d’ailleurs de déferrer l’animal avant
de le hacher pour en faire «du saucisson
pur porc» et rappelle que le
cheval de bois n’est pas comestible.
Après la fuite du Général à Baden-Baden,
il se passionne pour les bruits
émis par les poissons, juge que la morue
«a un style concis» et tente de
converser avec un hareng saur, dont
les savants prétendent qu’il pépie. On
voit par là que le sage auvergnat n’a
pas le souci de coller à l’actualité ni la
prétention, en la commentant, de la
gouverner. ( suite ... )