Et si les réformes engagées dans l'Education nationale depuis près de quinze ans étaient, en fait, la véritable cause de l'échec scolaire qu'elles prétendent combattre ?
Et si leurs premières victimes étaient ces enfants, Jean, Juliette, Daniel et tous les autres, dont les destins bafoués sont, en eux-mêmes, de véritables réquisitoires ?
Et si ces réformes avaient, en réalité, pour objectif caché de permettre la déréglementation de l'instruction et sa sujétion au "marché" ou à quelque société totalitaire ?
Alors, les professeurs, accusés de toute part de nuire aux enfants par leur "refus d'innover" et d'enseigner autrement, seraient, en réalité, des résistants courageux ? La méfiance entre parents et enseignants, soigneusement attisée depuis quelques années, n'est-elle pas un leurre, alors qu'ils sont les meilleurs alliés pour le sauvetage de l'école publique ?
Parce qu'elles sont vraies, ces questions "à contre-pied" sont dérangeantes.
A travers leur expérience quotidienne et leur implication dans les récentes coordinations enseignantes, deux professeurs cherchent la vérité pour tirer une sonnette d'alarme. ils revendiquent pour eux et leurs collègues le statut d'experts compétents qui leur a été volé !
Ils ne proposent pas de "solution immédiate" parce qu'ils savent d'expérience le poids de la patience et du temps. C'est précisément parce qu'il n'y a pas de remède-miracle, mais un immense effort à faire ou, plutôt, à refaire, qu'il faut prendre conscience sans retard de l'incroyable "gâchis-spoliation" qui passe sous le nez des Français.
Ne nous y trompons pas, il se joue dans l'école une partie aux conséquences incalculables.
Marie Wilhem-Labat est professeur agrégée d'histoire. Michel Labat est professeur certifié de mathématiques. Ils enseignent aujourd'hui en milieu rural, dans un collège et dans un lycée corrézien. Tous deux étaient précédemment enseignants à Paris puis dans le Mantois (Yvelines) et ont connu des publics d'élèves très divers.