Des valeurs sûres ?
4/5 https://fr.aleteia.org/
.----. Si vous cherchez une bonne sélection de livres à lire cet été, pour comprendre le monde et son histoire, l’écrivain Henri Quantin vous conseille la sélection du journaliste Charles-Henri d’Andigné. Dans sa "Petite bibliothèque pour un catholique d’aujourd’hui", vous trouverez sûrement des valeurs sûres pour éclairer votre jugement, et sans doute quelques surprises.
« Perdus et impuissants » : deux mots de Charles-Henri d’Andigné pour peindre les catholiques dans un monde qui se transforme sans cesse, tantôt sans eux, tantôt contre eux. Au cœur de cette disparition de tout ce qui fit la civilisation occidentale, deux tentations croissent ensemble : d’un côté, la soumission moutonnière, souvent grimée en « ouverture d’esprit » ; de l’autre, l’indignation inaudible au-delà du cercle des bons chrétiens disparus. Alternative peu stimulante entre « Chacun sa vérité » et « Vous vous rendez compte, ma brave dame », deux manières symétriques de renoncer à l’inévitable affrontement.
Ancrer la Foi dans une culture
Or, à qui veut lutter efficacement contre l’effondrement de ce qui reste d’évangélique dans notre monde, une condition préalable s’impose : comprendre. Bien sûr, les charismes sont divers et le sourire miséricordieux d’un analphabète peut annoncer le Salut mieux qu’un plaidoyer apologétique. Pourtant, le monde irait probablement mieux, si aucun catholique ne se privait d’une des deux ailes, la foi et la raison, qui permettent de s’élever vers la vérité. Il est toujours acrobatique et souvent présomptueux de prétendre voler avec une aile en moins ; le fidéisme est une amputation aussi nuisible que le rationalisme. Le christianisme aurait-il traversé les siècles sans de grands esprits capables d’ancrer la Foi dans une culture audible de leurs contemporains : saint Paul s’appuya sur l’autel du « dieu inconnu » des Athéniens pour son discours sur l’Aréopage ; saint Thomas d’Aquin n’ignorait rien de la philosophie d’Aristote ; Blaise Pascal sut montrer aux libertins par où ils avaient raison afin de mieux leur montrer ensuite par où ils avaient tort ; Claudel nourrit autant son théâtre de Rimbaud que de Charles de Foucauld.
Un grand service à ceux qui n’ont pas renoncé à l’aile de la raison pour rendre compte de leur foi.
En publiant Cent livres pour comprendre le monde(l’Artilleur), Charles-Henri d’Andigné rend un grand service à ceux qui n’ont pas renoncé à l’aile de la raison pour rendre compte de leur foi et, plus simplement, à tous ceux qui ont besoin de conseils de lecture pour l’été. Cent livres : le titre peut inquiéter, évoquant cent fiches pour avoir son bac ou cent recettes pour assaisonner les artichauts. L’inquiétude se révèle pourtant sans fondement. Rien à voir avec ce que Philippe Muray, dont L’Empire du bienfigure d’ailleurs parmi les cent élus, appelait « Lacan en fiches-cuisine ». Chaque mini-chapitre est une porte d’entrée dans l’œuvre et non une façade clinquante qui prétendrait suffire pour connaître l’intérieur du bâtiment. Il va donc de soi que le propos du livre n’est pas de dispenser d’aller à la source.
Pour conserver un sens critique
Au contraire, le lecteur est sans cesse invité à approfondir avec d’autres titres du même auteur. Le grand mérite du livre est son éclectisme. Des Dialogues des carmélites de Bernanos à Un catholique s’est échappé de Jean-Pierre Denis, d’Une question de taille d’Olivier Rey à Bourgogne romane de Dom Angelico Surchamp, du Bûcher des vanités de Tom Wolfe à Weygand, l’intransigeant de Max Schiavon, de La ferme africaine de Karen Blixen à Ces douze papes qui ont bouleversé le monde de Christophe Dickès, Charles-Henri d’Andigné ouvre à des angles d’approches du monde extrêmement variés.
Inévitablement, bien sûr, certains choix étonnent : on regrette des absents ou on peste contre des présents surestimés. L’auteur a la bonne idée d’assumer cette subjectivité, en s’adressant au lecteur : « Vous contestez la sélection du livre que vous avez entre les mains, et vous avez bien raison. » Cela rend d’ailleurs la lecture plus vivante, de même que les réserves de détail qu’on peut avoir ici ou là sur ce qui est dit d’un des volumes. La subjectivité revendiquée permet en outre un exercice amusant, antidote à l’impression d’une simple juxtaposition de titres : trouver des éléments récurrents, voire des fils rouges souterrains. On pariera ainsi, sans crainte de perdre un centime, que l’auteur vénère Jeanne d’Arc ou qu’il est passionné de chasse. On perçoit aisément aussi qu’il est très modérément moderne, comme dirait Rémi Brague, mais c’est en l’occurrence une condition indispensable pour conserver un sens critique face aux fables et affabulations du temps.
La lumière du monde
En tout cas, la « petite bibliothèque pour un catholique d’aujourd’hui » que propose Charles-Henri d’Andigné contient largement de quoi nourrir des esprits avides de comprendre, dans les quatre rayons mis en avant : « comprendre l’homme », « atteindre Dieu », « comprendre l’Histoire », « comprendre la société ». Rayons ? Sans doute n’est-ce pas un hasard si le même mot sert pour des livres mis à disposition des lecteurs et pour la lumière du soleil. Ceux qui sont appelés à être chaque jour davantage « la lumière du monde » peuvent-ils se priver de l’aide des livres qui éclairent nos ténèbres ?
[ Signé : Henri Quantin et publié le 29/06/22 ]
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La bibliothèque idéale d’un catholique Français.
4/5 https://www.lesalonbeige.fr/
.----. Charles-Henri d’Andigné, journaliste, notamment à Valeurs Actuelles, propose une sorte de bibliothèque idéale pour un catholique français en 2022, avec un ouvrage intitulé Cent livres pour comprendre le monde, petite bibliothèque pour un catholique d’aujourd’hui.
Frappé par le manque de culture de nombreuses personnes diplômées, qui s’intéressent à l’actualité mais ne connaissent pas les philosophes, historiens, sociologues, penseurs qu’elles devraient connaître étant donné leur niveau intellectuel, Charles-Henri d’Andigné propose une liste d’ouvrages majeurs, qui aident à comprendre de manière claire, simple, pédagogique, le monde de plus en plus compliqué dans lequel nous vivons.
Sans repères culturels solides, il est difficile d’appréhender les grands enjeux de notre société, prise en étau entre un islam conquérant et des idées déconstructrices de plus en plus sectaires.
100 petits chapitres pour donner des armes intellectuelles face à une réalité complexe et hostile.
Les auteurs étudiés sont modernes, des XXe et XXIe siècles, croyants et non-croyants, de droite comme de gauche. Pêle-mêle : Brague, Orwell, Delsol, Viguerie, Gauchet, Debray, Bloom, Lasch, Michéa, Leys, Bernanos, Claudel, Houellebecq et bien d’autres.
Nous l’avons interrogé pour comprendre comment il a effectué ce choix cornélien :
Vous publiez un ouvrage recensant Cent livres pour comprendre le monde, avec en sous-titre “Petite bibliothèque pour un catholique aujourd’hui”. Faut-il comprendre qu’un catholique serait moins enclin à comprendre le monde ? Quel est ce monde que nous devons comprendre ? Cette bibliothèque ne peut-elle pas servir à un non-chrétien ?
Non, bien sûr, les catholiques ne sont pas moins enclins que les autres à comprendre le monde. Il se trouve que c’est à eux que je m’adresse plus particulièrement, et j’annonce la couleur avec ce sous-titre dont vous parlez. Je pars d’une idée fort simple : le monde qui nous entoure est beaucoup plus complexe qu’autrefois. Ce qui était évident ne l’est plus : la répartition sexuelle des rôles, qui autrefois allait de soi, n’est plus acceptée ni comprise ; le mariage, la famille sont bouleversés par les évolutions « sociétales » récentes, au point que certains veulent mettre un « s » à famille, pour signifier qu’il en existe de nombreux modèles. Pareil pour les sexes, que l’on appelle désormais « genres », et dont on nous assure qu’ils sont innombrables…
L’autorité des parents, des professeurs, est remise en question. Les institutions séculaires sont menacées, d’autres sont à terre, je pense à l’Université. Nous n’avons plus de principes communs sur lesquels tout le monde était d’accord. Face à cela, les catholiques, qui ont pourtant tout ce qu’il faut pour réagir et être « droits dans leurs bottes », sont perdus. Beaucoup n’ont plus de repères. L’ambition de ce livre est de leur en donner. Cela me frappe, chez ceux des catholiques qui ont des responsabilités familiales, professionnelles, paroissiales, associatives : ils n’ont pas, en général, la culture générale qui va avec. Je (désire) leur donner quelques pistes, dans quatre domaines : religion, philosophie, histoire et société.
Quant aux non-chrétiens, ils peuvent lire ce livre, bien entendu, beaucoup des ouvrages dont je parle leur seront accessibles et devraient les intéresser (tout ce qui concerne l’histoire et la sociologie notamment, mais aussi des livres qui concilient foi et raison, je pense au chapitre sur Tresmontant – Comment se pose aujourd’hui le problème de l’existence de Dieu -, et à celui consacré à l’abbé Laurentin, Science, Philosophie, Révélation, qui sont lisibles par des croyants et des non-croyants). Mais comment les non-chrétiens recevront-ils les chapitres consacrés à Bernanos, Péguy, Claudel, sainte Thérèse ? Je l’ignore. Cela m’intéresserait beaucoup de le savoir.
Dans le choix des ouvrages, vous déclarez en introduction vous cantonner à des ouvrages des XXe et XXIe siècles, afin d’éviter la liste des classiques trop connus. Mais on ne trouve pas pour autant d’encycliques pontificales, ni même, horresco referens, de textes du Concile Vatican II. Ces textes ne nous permettent-ils pas de comprendre le monde ?
Je me suis en effet cantonné aux XXe et XXIe siècles, sans quoi il aurait fallu 1000 livres… Sur les encycliques, il y aurait un livre passionnant à écrire : les grandes encycliques de l’histoire… Je laisse cela à plus savant que moi. Le concile Vatican II est en effet très important pour comprendre notre époque, et il est présent dans au moins deux ouvrages dont je parle : Rome et les lefebvristes, de Gérard Leclerc, livre synthétique, très juste à mon avis, à la fois honnête intellectuellement et bienveillant, ce qui n’est pas très courant ; et Mon concile Vatican II, de Joseph Ratzinger, recueil de conférences données à l’époque par le jeune et brillant théologien qu’il était, texte très éclairant sur l’interprétation traditionnelle qu’il convient de donner aux textes du concile. Il ne parle pas encore d’« herméneutique » de la « continuité », mais l’esprit y est. Joseph Ratzinger se sera battu toute sa vie, comme théologien et comme pape, pour faire nettement la différence entre le vrai concile Vatican II, celui des textes, et le concile à la sauce médiatique, colporté sans vérification à gauche comme à droite.
Votre ouvrage liste donc un certain nombre d’œuvres, par thèmes, pour comprendre la philosophie, la religion, l’Histoire, la société. Mais les récents volumes de Patrick Buisson, La fin d’un monde ou La cause du peuple, ni ceux d’Eric Zemmour, comme Le Suicide français ou Destin français y sont absents, tout comme Maurras et Madiran. N’ont-ils rien à nous faire comprendre du monde d’aujourd’hui ?
On remplirait une bibliothèque avec les livres dont je ne parle pas ! C’est une tentation bien naturelle, avec ce genre d’ouvrages, de s’étonner des livres qui n’y sont pas… Je fais d’ailleurs la même chose avec les livres des autres, comme je le dis dans le chapitre sur Les grandes personnalités catholiques de France de François Huguenin : il en a choisi quinze, ce qui est peu ! Pourquoi celles-là et pas les autres ? L’absence de certaines personnalités n’enlève rien à la valeur de son livre.
Les auteurs dont vous parlez, je les connais, je les lis et je les apprécie. Mais il a bien fallu faire un choix, et exclure bien d’autres auteurs excellents. Ce qui fait que mon livre est incomplet, par nature, il a un côté personnel, subjectif, discutable… Mais plutôt que d’insister sur les absents, je préfère mettre l’accent sur les présents : philosophes, comme Rémi Brague ou Thibon, théologiens, comme Bernard Sesboué ou François Jourdan, romanciers, comme Camus ou Genevoix, historiens, comme Jean de Viguerie ou Jean-Christian Petitfils, sociologues, comme Mathieu Bock-Côté ou Christopher Lasch, inclassables, comme Simone Weil ou Hélie de Saint-Marc… Comme vous le voyez, les lecteurs seront en très bonne compagnie !
[ Signé : Michel Janva le 12 avril 2022 ]
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S’il ne fallait lire que « cent livres »…
3/5 https://www.bvoltaire.fr/
.----. « Ce livre part d’un constat : les catholiques sont de plus en plus désemparés dans le monde actuel. […] C’est le règne de la “société liquide” : l’individu est roi, ou se croit tel, il n’a plus de racines et il s’en glorifie, il est le fils de ses œuvres, il ne suit pas les traditions, il fait ce qu’il veut, du moins le pense-t-il… »
C’est ainsi que Charles-Henri d’Andigné, journaliste chez Famille chrétienne qui collabore également régulièrement au Figaro Magazine, justifie la publication de son livre. L’objectif ? Offrir au catholique du XXIe siècle un recueil lui présentant, comme le titre l’indique, Cent livres pour comprendre le monde (L’Artilleur). L’auteur a organisé cette entreprise de grande recension en quatre grands thèmes qu’il présente par leur finalité (« Philosophie – Pour comprendre l’homme » ; « Religion – Pour atteindre Dieu » ; « Pour comprendre l’Histoire » ; « Pour comprendre la société »).
L’Europe, la voie romaine, de Rémi Brague, Trois Réformateurs, de Jacques Maritain, 1984, de George Orwell, Les Champs de braise, d’Hélie de Saint Marc… Beaucoup d’auteurs sont familiers au lecteur, même s'il ne sait pas toujours avec précision ce qu’ils ont à lui dire. L’intérêt du présent ouvrage est la présentation succincte de chaque livre, avec quelques citations pertinentes, pour faire entrer dans la pensée de chaque écrivain, en transmettant surtout l’envie de le connaître !
Aucun aspect des enjeux contemporains n’est omis : sociétaux, à l’aune de considérations historiques et politiques, civilisationnels, avec la confrontation à l’islam, comme Soumission, de Michel Houellebecq, ou Kiffe la France, de Jean François Chemain, les enjeux autour de la déchristianisation…
Qui n’a jamais demandé à un proche plus cultivé que soi : « Pourrais-tu me conseiller un livre sur tel sujet ? J’aimerais comprendre… » ? C’est à cette question qu’a voulu répondre Charles-Henri d’Andigné. Une formidable occasion pour tous les catholiques - ou pas - qui veulent se cultiver et accroître leur sens critique. Charles-Henri d’Andigné confie lui-même dans son introduction ce qui l’a poussé à écrire : « Ces cent chapitres ont la modeste ambition de répondre à la question : qu’est-ce que ce livre peut m’apporter, en tant que catholique soucieux de nourrir sa foi, de se cultiver, de comprendre son époque et donc de mieux se faire comprendre par les non-chrétiens ? »
[ Signé : Matthieu Chevallier - Etudiant en journalisme le 13 mai 20222 ]
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