On s'est étonné, avec le mouvement social de "La Manif pour tous" en 2012 ou après le succès de François Fillon aux primaires de la droite et du centre fin 2016, de la survivance d'un catholicisme paroissial connoté "conservateur". Pour comprendre ce présent, ne serait-il pas nécessaire de se replonger dans "une histoire ignorée et un monde (qu'on croyait) disparu" (Emile Poulat) ? Sans doute, et c'est pourquoi la biographie de Jean Le Cour Grandmaison (1883-1974) arrive au bon moment.
Il est en effet celui dont nous venons. Il marque un cap pour la vie et l'engagement des chrétiens dans la cité et l'histoire, ici et maintenant. Au-dessus de la droite et de la gauche, du libéralisme et du socialisme, avant tout, en premier, simplement catholique. "Catho d'abord", pourquoi et comment ? Entre le grand large et les vignobles du Muscadet, une double carrière d'officier de marine et de parlementaire "indépendant" de Loire-Atlantique, adversaire respecté de Briand, Herriot et Blum, ayant traversé les épreuves du sabordage de la Flotte et de la déconfiture de Vichy, Jean Le Cour Grandmaison fut l'homme choisi, en 1945, par le pape Pie XII et les cardinaux et archevêques français.
Sa mission ? Humainement impossible et confiée - mais non abandonnée - à la Providence. Il s'agissait de reconstruire un semblant d'Eglise et d'unité à partir des paroisses. Ce qu'il en advint et ce qu'il en reste, d'autres l'ont dit ou le diront. Mais le rôle de cet homme, son caractère, sa manière d'être et de faire, c'est dans cette étude pluridisciplinaire, très vivante et synthétique, que vous les découvrirez, avec admiration.
Dominique Decherf, ancien ambassadeur de France, collaborateur de l'hebdomadaire France Catholique, est notamment l'auteur d'une biographie de l'historien Jacques Bainville, d'entretiens avec le sociologue des religions Emile Poulat et, tout récemment, d'un essai intitulé Ponce Pilate mon frère.