1928-1932. Au cœur de cet ouvrage, le règlement de la question romaine. Les accords du Latran, signés en 1929 entre le cardinal Gasparri, secrétaire d'État, et Benito Mussolini, chef du gouvernement italien, libèrent le pape de sa condition de prisonnier au Vatican. Les enjeux d'un tel événement n'échappent pas à Mgr Baudrillart qui scrute avec grande attention le texte du pacte et du concordat, les réactions de la presse et la tension très vive qui dresse aussitôt l'un contre l'autre le Duce et Pie XI. Malgré la condamnation de la doctrine fasciste en 1931, le recteur de Paris craint une certaine inféodation du Vatican à l'Italie, tout en constatant cependant que, dans sa manière d'agir, "le pape est tout" dans l'Église.
Alfred Baudrillart nous révèle aussi les confidences du cardinal Verdier, nouvel archevêque de Paris, les premiers pas timides du cardinal Pacelli, nouveau secrétaire d'État, la méthode du nonce Maglione pour renouveler en profondeur l'épiscopat français, le dernier coup porté par Pie XI à l'Action française qui n'a pas désarmé, et les pièges de l'"école unique".
Toujours passionné de politique internationale, le recteur est hanté par la menace d'une revanche allemande. L'évacuation de la Rhénanie en 1930, cinq ans avant la date fixée par le traité de Versailles, lui semble catastrophique : elle prive la France de sa seule véritable garantie devant le réarmement de l'Allemagne. Et voici qu'à côté des noms de Poincaré, Tardieu, Laval, Briand, Streseman, Mgr Kaas, un nom revient de plus en plus souvent dans les "Carnets" : celui d'Adolf Hitler. Pour le recteur, la politique de Briand a fait faillite.
Inlassable malgré son grand âge, Mgr Baudrillart multiplie les missions au service de l'Église et de la France, en Angleterre, en Suède, en Tchécoslovaquie, en Tunisie, en Hongrie, au Portugal et au Maroc. Malgré les infirmités naissantes, l'activité du recteur reste débordante, son esprit demeure toujours aussi vif, mais il laisse davantage parler son coeur.