Nos contemporains, et plus particulièrement nos contemporains européens et occidentaux, sont généralement persuadés d'avoir mis le pied sur la dernière marche de l'Histoire, je veux dire, naturellement, la plus haute, celle qui permet de franchir le seuil du bien-être matériel, du confort culturel, et même de la paix spirituelle. Ne disposent-ils pas en effet désormais d'une abondance - immédiate ou promise - de biens matériels et intellectuels, consommables sans peine (une cuillère d'hypermarché par-ci, une cuillère de bouillon de culture par là) sans qu'on ne force plus le peuple à avaler, pour faire passer un brouet trop clair, son opium quotidien ?
Tout cela est fort admirable, mais même des esprits non chagrins commencent à désigner à l'attention quelques lézardes dans ce lunapark universel, tels que la violence, le chômage, la dénatalité, l'insalubrité publique, des épidémies de virus aussi variés que difficiles ou impossibles à soigner, l'analphabétisme, l'abrutissement télévisuel, les impostures artistiques et intellectuelles, la corruption, les fraudes en tout genre, les pollutions, et jusqu'à la disparition progressive, grâce à une industrialisation malhonnête, de toute alimentation saine et de qualité. Et naturellement, j'en passe.
Le colloque du 26 février 2000 de notre association a de nouveau réuni des universitaires dont les propos reflètent tous une même inquiétude : et si tous ces faits, loin d'être l'écume de vagues sans importance, étaient comme ces premiers craquements qui, dans le grand Nord, annoncent la grande dislocation de la banquise ?
Contributions de Jean-Pierre Brancourt, Thierry Buron, Alain Néry, Claude Polin et Claude Rousseau
Dans ce même volume un texte inédit en France de Guy Augé Le droit naturel dans la France du XXè siècle