" Un pamphlet de toute loyauté "
5/5 Culture et Lecture des Jeunes .
.----. Pour le bicentenaire de la naissance de Georges Cadoudal, les Nouvelles Editions Latines rééditent "Cadoudal" de Jean de La Varende écrit il y a vingt ans .
Jean de La Varende nous rappelle dans son liminaire qu'il reste un partisan et que ce livre est un pamphlet mais "un pamphlet de toute loyauté, qui ne demande à la passion ni son aveuglement ni sa rage, mais sa force et son mépris".
C'est avec passion, en effet, que nous est retracée l'histoire extraordinaire de ce jeune fils de laboureurs du pays d'Auray devenu à trente ans lieutenant Général des Armés Catholiques et Royales après s'être imposé à tous par sa foi, son exemple, son courage, sa pureté intégrale suivant à la lettre le commandement de l'Armée Catholique et Royale : "Ton Dieu, ton Roy, tu serviras jusqu'à la mort, fidèlement."
Grâce au talent de l'auteur, nous vivons intensément presqu'au jour le jour la vie de "géant parmi les géants" depuis le collège Saint-Yves de Vannes jusqu'à l'échafaud de la place de Grève en passant par les multiples coups de mains, les vrais combats, la triste affaire de Quiberon, les cachettes les plus extraordinaires que celles des meilleurs romans d'aventure, la rencontre avec Bonaparte, son procès, ses amitiés, sa foi auxquels il sera fidèle jusqu'à l'instant suprême.
Ce livre d'histoire qui se lit comme un roman peut être très utile pour les jeunes qui ne veulent pas se contenter de l'Histoire officielle.
Jean de La Varende qui a aimé son héros et partagé ses convictions nous surprend quelquefois dans ce livre car il ne semble pas toujours comprendre Georges Cadoudal. Ainsi sa chasteté. L'auteur en cherche longuement "l'explication" comme s'il n'était pas normal pour un jeune chrétien fidèle de rester chaste surtout s'il est fiancé à la sœur de son meilleur compagnon d'armes. Cela se pratique même encore à notre époque !
Il est dommage d'autre part, qu'il ne soit fait aucune allusion tout le long de ces pages si riches par ailleurs à l'influence profonde de Saint Louis-Marie GrignIon de Montfort sur ces régions qu'il rechristianisa un demi-siècle avant la Révolution et qui seule explique cette levée en masse de tout un peuple pour sauver sa foi et ses prêtres fidèles. Le Pape ne déclarait-il pas le 21 juillet 1947 à l'occasion de la canonisation du Saint de l'Ouest : "apôtre par excellence du Poitou, de la Bretagne et de la Vendée, on a pu même écrire naguère sans exagération que la Vendée de 1793 était l'œuvre de ses mains."
Jean de La Varende bute enfin sur l'échec apparent de cette épopée. Il en veut au "fatalisme chrétien de Cadoudal" et il s'interroge sur la sévérité inexplicable de Dieu vis-à-vis de ses plus dignes serviteurs.
Il n'y a pas de "fatalisme" dans notre acceptation de la volonté de Dieu. Nous savons que Dieu sait ce qui est bon pour nous . Ce n'est pas à nous de juger. L'Histoire nous démontre chaque jour qu'elle a un sens et que c'est celui voulu par Dieu. Bien souvent noue ne comprenons pas sur "le moment". Nous acceptons avec foi sans "fatalisme". C'est ce que fit Georges Cadoudal. Bien sûr, apparemment son combat fut un échec. Et cependant, grâce à lui, grâce à tous les martyrs de la "Grand'Guerre" le Concordat fut arraché à la Révolution ce qui retarda d'autant l'apostasie officielle de l'Etat jusqu'au début de ce siècle. C'est un répit que les catholiques auraient pu mettre mieux à profit.
POUR QUI CE LIVRE ? Garçons et filles à partir de 17 ans. [ Rédigé à partir de l'édition de 1970 . " Culture et Lecture des Jeunes " , numéro XV - Pâques 1971 ]
Style agréable
5/5 Revue des cercles d'études d'Angers
.----. Nous passerons rapidement sur la réédition de l'ouvrage de La Varende, qui était paru en 1951. Bien présenté, portant sur la couverture une belle photographie du portrait du héros où se lisent la force, l'intelligence et la droiture, il est écrit dans ce style agréable, cher au disciple de Barbey d'Aurevilly et qui plaira à de nombreux lecteurs.
Ouvrage un peu folklorique sans doute, dont l'auteur lui-même ne cache pas qu'il n'est pas dénué d'esprit polémique.
Par sa clarté et grâce à des résumés qui permettent au lecteur de se retrouver dans le déroulement de ces périodes troublées, il donne bien la vue d'ensemble qui évite de se perdre dans les détails. Mais La Varende n'omet pas de mettre l'accent sur certains points qu'il est bon de préciser. Il donne un bref aperçu du fameux jeu de la "soûle " ; il a le soin d'utiliser l'expression "fusil de munition " plus exacte que " fusil à munition ", -- comme écrivent la plupart ( il semble que cette note n'est pas complète mais nous n'avons pas trouvé de complément par la suite ) ( numéro 9, juin-juillet 1972 ).