Statuaire immense, au carrefour des cultures allemande, française et italienne, génial portraitiste, promu Sculpteur officiel du IIIe Reich, Arno Breker subit, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un ostracisme de la part de l'historiographie dominante. Son œuvre, multiple et diversifiée, est aussi érigée à l'état de symbole, celui du classicisme européen.
Ainsi, l'oeuvre d'Arno Breker, non conforme au "sens de l'histoire" - et, dans son sillage, toute la statuaire architecturale européenne, idéaliste et figurative constituerait un affront au "Progrès". Elève de Charles Despiau, ami d' Aristide Maillol, admirateur d'Auguste Rodin et d'Adolf von Hildebrand, fasciné par Michel-Ange et Le Bernin, touché par Ingres et Canova, Arno Breker aurait commis l'irréparable choix : celui de ses architectes mêmes, Albert Speer, Wilhelm Kreis, Werner March, Cependant, le constat de la laideur des cités, le mépris du grand public et la contestation, de plus en plus évidente, d'une partie de l'intelligentsia pour les "valeurs" de l'art contemporain suffiront-ils à redonner une chance à la beauté ? L'être moderne, prisonnier de ses banales mesures, subit le matérialisme métaphysique, éphémère, muséal et mercantile. Il ne se satisfait visiblement pas des figures imposées...
L'auteur - lui-même artiste sculpteur - explore, chronologiquement, les oeuvres d'Arno Breker, ses relations, dans le travail et dans la vie sociale, humaine et intellectuelle, Au-delà des préjugés, ce Breker (Qui suis-je ?) nous invite à plonger dans la vie extraordinaire d'un créateur exemplaire, prométhéen, dont l'apollinisme fut confronté aux tragédies du XXe siècle. Si son oeuvre classique, idéaliste - est maudite, elle traversa ce siècle tel un météore, et Breker reste, pour l'avenir, le présent et l'éternité, un grand maître imagier européen du vrai, du beau et du bien.