Louis de Bonald, théoricien de la contre-révolution, ministre d'État, pair de France, député, maire de Millau, mais aussi journaliste, écrivain, philosophe, membre de l'Académie française, père d'un cardinal-archevêque de Lyon, Louis, vicomte de Bonald (1754-1840), possédait les atouts nécessaires pour garder un grand nom dans l'Histoire. Pourtant, malgré une œuvre écrite abondante et estimée de ses contemporains, il ne reste de lui qu'un simple nom dans la mémoire, le souvenir vague d'un défenseur de l'absolutisme.
Le destin a été injuste avec Louis de Bonald : parce qu'il n'avait ni la flamboyance d'un Chateaubriand, ni la fougue d'un Lamennais, ni le charme d'un Joseph de Maistre, l'historiographie l'a trop souvent négligé. Il mérite cependant mieux que cet oubli et cette ignorance.
Sous un style un peu rocailleux, à l'image de son Rouergue natal, Bonald cache une pensée forte et profonde qui ne se révèle jamais mieux que dans ses maximes frappantes: elles faisaient l'admiration de Lamartine comme de Sainte-Beuve.
Bonald est surtout le premier et le véritable théoricien de la contre-révolution, la matrice intellectuelle de la pensée traditionaliste. Tous ceux qui ont compté dans ce courant, de Louis Veuillot à Charles Maurras, l'ont reconnu pour leur maître.
Michel Toda, journaliste et historien, auteur de Henri Massis, un témoin de la droite intellectuelle (La Table Ronde, 1987), nous propose de redécou-vrir ce témoin capital de la pensée politique.