Entretien avec l'auteur .
5/5 https://www.lesalonbeige.fr/
.----. Vous avez publié une bande dessinée sur le Kosovo. Pourquoi?
J’aime beaucoup la BD mais je n’en avais encore jamais réalisé. J’avais déjà écrit un livre sur le Kosovo mais je cherchais un nouveau support pour parler de ce sujet qui me tient à cœur et je m’étais dit que la BD serait intéressante. C’est un moyen de toucher de nouvelles cibles de personnes qui ne connaissent pas l’histoire de la région. Afin de réaliser cette BD, j’ai quand même eu la chance de m’entourer de deux grands noms de la BD que sont Simona Mogavino et Giuseppe Quattrocchi. j’ai beaucoup appris avec eux, ce sont de grands professionnels.
La paix n’est-elle pas revenue dans la région?
Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus la guerre que la paix est revenue pour autant. Depuis les bombardements de l’Otan en 1999, plus de 250 000 Serbes ont dû fuir la région et 1 000 Serbes ont été assassinés. Même le rapport sur la situation des droits de l’homme au Kosovo émis par le Secrétariat d’Etat américain en 2019 mentionne un incident tous les deux jours contre les Serbes et l’église orthodoxe serbe au Kosovo.
Il semble que la lutte soit davantage entre Albanais et Serbes qu’entre musulmans et chrétiens. Les chrétiens sont-ils, malgré tout, persécutés au Kosovo?
La lutte de fond est en effet entre la fraction ultra-nationaliste des Albanais et les Serbes mais il est impossible de balayer la dimension religieuse du revers de la main. 150 églises chrétiennes ont été détruites depuis 1999 pendant que 800 mosquées ont été construites au Kosovo. Quand les bombardements de l’Otan se sont arrêtés, Washington a permis aux wahhabites de prendre en main l’éducation religieuse des musulmans. Des millions de pétrodollars ont été déversés dans les communautés musulmanes du Kosovo pour leur montrer le « bon islam ». Cela s’est traduit par une radicalisation des musulmans. Les deux régions européennes qui ont fourni le plus de djihadistes par habitant au Moyen-Orient sont le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine. Deux « Etats » créés par les Etats-Unis dans les années 1990. Cette branche radicale de l’islam veut éliminer les chrétiens des Balkans. Même des Albanais commencent à s’en inquiéter. La persécution des chrétiens est latente dans la société kosovare où les Serbes sont des citoyens de seconde zone. Officiellement, ils ont le droit de pratiquer leur religion mais, dans la vie quotidienne, ils souffrent d’un ostracisme réel qui peut parfois devenir violent.
Que peut faire la France pour faire avancer une paix juste dans cette région et que peuvent faire les Français pour les chrétiens du Kosovo?
Il faut continuer de parler du drame que subissent les Serbes du Kosovo. 20 ans après les bombardements de l’Otan la situation sur place n’est toujours pas réglée et ne s’améliore pas. Il y a 20 ans, nous prêchions dans le vide, personne ne voulait nous croire mais, aujourd’hui, de plus en plus de personnes se rendent compte que la guerre du Kosovo a été le « plus grand bobard du XXe siècle » comme Serge Halimi et Pierre Rimbert l’ont rappelé dans le « Monde diplomatique ». Il faut poursuivre le combat pour faire connaître la vérité et chaque jour qui passe nous engrangeons de nouvelles victoires contre le camp du mensonge. C’est une bataille ardue mais, pour ceux qui croient aux miracles, tout est possible. On peut aussi aider les Serbes sur place en soutenant l’association Solidarité Kosovo qui leur vient en aide depuis 2004 et qui finance des projets de développement durable pour que les Serbes puissent continuer à vivre sur place en sécurité et grâce au travail de leurs mains. Vous pouvez en savoir plus en allant visiter notre site internet www.solidarite-kosovo.org
Bienvenue au Kosovo, la bande dessinée qui dénonce l’épuration ethnique des Serbes du Kosovo.
5/5 https://www.breizh-info.com/
.----. Il y a vingt ans, en 1999, finissait la Guerre du Kosovo. Scénarisée par Nikola Mirkovic, la bande dessinée Bienvenue au Kosovo, titre empreint d’ironie, décrit les tensions entre les communautés serbes et albanaises, entre chrétiens orthodoxes et musulmans. Une fois n’est pas coutume, une bande dessinée défend la cause serbe.
Mars 2004. Après avoir passé près de vingt ans en Italie, rongé par les remords et par sa lâcheté, Dimitri revient dans son pays natal, l’ex-Yougoslavie. Il se rend dans la ville de Kosovska Mitrovica, en province du Kosovo, pour les funérailles de son père. Au cours de son voyage en train, il rencontre Milan, un vieux Serbe désabusé et truculent. Bien qu’originaire de Sarajevo, ce dernier a servi dans l’armée bosniaque à majorité musulmane. Il lui raconte sa version de la guerre yougoslave. Une amitié se noue entre eux. Dimitri se souvient de son enfance, comme des moments passés avec son meilleur ami, Kledi, un jeune Albanais. Lorsqu’il parvient au cimetière serbe de Mitrovica, il assiste à un pogrom anti-Serbes mené par des milliers d’Albanais, malgré la présence des forces de paix de la KFOR. Dimitri est ainsi plongé dans les émeutes de 2004 au Kosovo…
Dans la bande dessinée Bienvenue au Kosovo, les scénaristes Nikola Mirkovic et Simona Mogavino portent un regard cinglant sur le conflit au Kosovo. Ils expliquent que seul un Etat fort, à leurs yeux la Serbie, pouvait maintenir cette mosaïque religieuse et ethnique. Mais le 17 mars 2004, les Albanais martyrisent les Serbes orthodoxes du Kosovo. C’est à la suite de ces deux jours de massacre et de destruction d’églises que fut créée l’association Solidarité Kosovo. Pourtant, les scénaristes ne pointent pas du doigt la communauté musulmane. Mais ils soulignent que seule une Yougoslavie unie aurait permis d’éviter les conflits ethniques et révèlent la responsabilité des Etats-Unis.
Nikola Mirkovic, franco-serbe, a cofondé l’association Solidarité Kosovo pour venir en aide aux Serbes du Kosovo. Il est l’auteur du livre « Le martyre du Kosovo » (éditions Jean Picollec), dans lequel il dévoile que sur un territoire qui lui appartient historiquement, une minorité chrétienne est victime d’une véritable épuration ethnique.
Pourtant spécialiste de la matière, la scénariste Simona Mogavino (Aliénor, Catherine de Médicis…) a bâti un scénario un brin complexe. Les mélanges des flash-backs de Milan et de Dimitri peuvent désorienter un lecteur peu attentif. On regrette que Dimitri manque de charisme, ce qui nuit parfois au récit.
La couverture de cette bande dessinée attire le regard : un homme armé d’une kalachnikov tient un enfant dans les bras, avec en toile de fond une parodie du logo Coca Cola. Par son dessin réaliste, Giuseppe Quattrocchi parvient à reconstituer l’ex-Yougoslavie de l’époque. La colorisation terne de José-Luis Rio et Salvatore Bevacqua convient au ton dramatique du récit.
Au final, on retient surtout le message. A la dernière page de cette bande dessinée, le narrateur s’exprime ainsi : « je suis Serbe et fier de l’être. Je me battrai pour ma patrie et ma foi chrétienne jusqu’à la mort ». [ Kristol Séhec le 23/02/2020 ]