On aurait tort de s'imaginer que les bibliographies ne servent qu'aux chercheurs ou aux étudiants. Elles sont faites au contraire pour être utilisées et consultées par tout un chacun. Comparables aux dictionnaires ou aux encyclopédies qu'on trouve dans presque tous les foyers, elles constituent, comme ces derniers, un outil de référence, c'est-à-dire le complément naturel d'une bibliothèque.
Les deux volumes qui viennent aujourd'hui s'ajouter a ceux que nous avions fait paraître en janvier 2004 achèvent une série qui, sur près de 3 000 pages, fournit la bibliographie de quelque trente-cinq auteurs français des XIXe et XXe siècles, dont le seul point commun est d'avoir été considérés, d'une manière ou d'une autre, à une époque ou à une autre, comme des auteurs "de droite".
Ces auteurs n'ont évidemment ni la même importance, ni la même stature ni la même actualité. Leurs œuvres sont elles-mêmes d'une ampleur très inégale. Certaines de nos bibliographies n'occupent que quelques dizaines de pages, alors que d'autres sont énormes, comme celle de Renan (plus d'un millier d'entrées) ou d'Alexis de Tocqueville (plus de 700 entrées, sans oublier les centaines d'éditions différentes de La démocratie en Amérique). Aucun de ces écrivains ou de ces théoriciens, pourtant, ne mérite ne tomber dans l'oubli - et ce, quel que soit l'appréciation que l'on peut porter sur eux, la sympathie ou l'antipathie qu'ils inspirent.
Parvenu au terme de ce long travail, je m'estimerais pour ma part satisfait si ces bibliographies, en suscitant quelques envies de lire ou de relire, en éveillant des curiosités nouvelles (ou en ranimant quelques curiosités éteintes), pouvaient précisément empêcher que tombent dans l'oubli des noms qui appartiennent, non seulement à l'histoire de la "droite", mais tout simplement à l'histoire des idées. Toute œuvre encore vivante est une oasis dans un désert qui croît.