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Bertrand de Jouvenel

Référence : 31524
6 avis
Date de parution : 28 août 2008
Auteur : DARD (Olivier)
Éditeur : PERRIN (EDITIONS)
EAN 13 : 9782262029166
Nb de pages : 528
27.00
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Description
Homme du monde, journaliste brillant, essayiste à succès, théoricien politique, pionnier de l'écologie, républicain militant tenté par le fascisme, Bertrand de Jouvenel (1903-1987) a eu tant de facettes qu'il semble défier l'analyse.
C'est dire tout l'intérêt de cette première biographie, pour laquelle Olivier Dard a pu bénéficier - outre ses livres, ses articles et sa correspondance - des 250 Cahiers tenus par Jouvenel tout au long de sa vie. Cette source inédite, qui tient à la fois du document de travail, d'une chronique du siècle et d'un journal intime, permet de démêler l'écheveau d'une vie où se croisent Colette, Emmanuel Berl, Drieu la Rochelle, Otto Abetz, Pierre Mendès France, Jacques Doriot, Adolf Hitler, Raymond Aron et Friedrich von Hayek.   

Olivier Dard, professeur à l'université Paul-Verlaine de Metz, est un spécialiste reconnu des années 1920-1960; il a notamment publié chez Perrin La Synarchie, le mythe du complot permanent et Voyage au coeur de l'OAS.
TitreBertrand de Jouvenel
Auteur DARD (Olivier)
ÉditeurPERRIN (EDITIONS)
Date de parution28 août 2008
Nb de pages528
EAN 139782262029166
PrésentationBroché
Épaisseur (en mm)28
Largeur (en mm)155
Hauteur (en mm)241
Poids (en Kg)0.80
Critique du libraire
Première biographie consacrée à cet homme du monde, journaliste, essayiste, théoricien politique (1903-1987) qui louvoya quelques temps dans la mouvance de droite : dirigeant du PPF (1936-1938), proche de Drieu La Rochelle, rédacteur aux Ecrits de Paris et à la France Catholique.
Les avis clients
Sortie du purgatoire / Futuribles
5/5 Réseau Regain
.----. Pour Jouvenel, la sortie du purgatoire emprunte des voies assez singulières. C’est en effet de l’étranger, notamment des États-Unis, que viendra la reconnaissance qu’on lui refuse en France à cause de son passé. D’éminents politologues, comme Benedetto Croce, Robert Dahl ou Carl Friedrich, salueront ainsi ses essais Du pouvoir (1945) et De la souveraineté (1957), passés inaperçus lors de leur sortie en français. Une caution intellectuelle décisive dans la réhabilitation de Jouvenel dans son propre pays, comme le montre l’historien. Celle-ci se fera en trois temps. D’abord, dans les années 1950. La droite française, soucieuse de rénovation théorique, lit alors avec curiosité ce penseur éclectique dont les écrits sont truffés de références à des auteurs anglo-saxons peu connus en dehors des cercles néolibéraux. Ensuite, au début de la Ve République. C’est l’époque où le gaullisme triomphant célèbre les technocrates. Jouvenel ne peut que se réjouir de ce regain d’influence des "experts", qui répond à l’une des revendications des "non-conformistes" de l’entre-deux-guerres. Enfin, c’est dans le domaine de la prospective que lui-même "vendra" sa compétence, fondant en 1964 la revue Futuribles. Reste son combat contre le productivisme, autre thème cher aux "relèves" des années 1930, qui revient à la mode à la fin des années 1960. Cet appel au réveil d’une "conscience écologique" sera l’ultime engagement de cet homme qui aura contribué au renouvellement des idées politiques. Un bel exercice de généalogie intellectuelle. [ Notes de lectures de Georges Leroy - Rentrée littéraire 2008 ]
Oeuvre intellectuelle d'envergure
5/5 Réseau Regain
.----. Après ces maladresses, il opère un tournant radical vers 1942 en quittant la France pour la Suisse, où il va commencer à bâtir l’œuvre intellectuelle d’envergure qui le classe dans la catégorie des grands penseurs libéraux. Il y rédige Du pouvoir. On l’a rapproché du Hayek de La Route de la servitude. Leurs thèses se recoupent parfois mais elles se démarquent sur un point essentiel: Jouvenel ne croit pas que tout puisse se résoudre miraculeusement par le marché. Et surtout, contrairement à Hayek, il refuse de penser que la «justice sociale» est une illusion. Il gardait les souvenirs de la crise de 1929 et conservait de ses lectures (notamment le jeune Engels) le souvenir des dérives de l’utilitarisme manchestérien. Dans la crise actuelle des marchés, ses remarques mériteraient d’ailleurs d’être méditées. Dès la fin des années 1950, l’héritier de Tocqueville, salué comme il se doit par Aron ou Arendt, rompt avec les théoriciens du Mont-Pélerin, ceux que Benedetto Croce appelait les «libéristes» (parce qu’ils confondent la vraie doctrine libérale, qui est philosophique, avec une recette de marché). ( suite ... )
L'attraction du fascisme
5/5 Réseau Regain
.----. Une chose frappe le lecteur: cet héritier d’une famille corrézienne, bien installée dans la république radicale (son père est ambassadeur), va être marqué par une enfance malheureuse. La séparation de ses parents se passe mal et cette instabilité familiale déteindra sur son caractère. Cette enfance explique beaucoup de choses. Il fait des études en dilettante, picorant ses lectures au fil de ses curiosités, plutôt qu’en se forgeant auprès des maîtres. C’est probablement, outre la fameuse liaison sulfureuse avec Colette (alors sa belle-mère), ce qui va contribuer au style de Jouvenel. Il est à cent lieues de toute pédanterie académique. Cependant l’esthétisme s’allie mal à l’engagement. Son biographe attache à juste titre une grande place à l’étude de ce qu’il appelle «l’attraction du fascisme». Le lecteur ne pourra manquer d’en sortir un peu troublé. L’auteur écarte les thèses outrancières. Le soutien de Raymond Aron en dit plus long que les victoires judiciaires. Pourtant, outre cette trop fameuse interview d’Adolf Hitler qui lui sera tant reprochée, Jouvenel commet la lourde erreur de s’illusionner sur la nouvelle Allemagne. Il croit que Hitler ne veut pas la guerre! Mais ses illusions ne durent-elles que jusqu’à Munich. Il rompt alors avec Luchaire et Doriot et se montre désormais, avec Kérillis, parmi les plus lucides. Mais le mal est fait. ( suite ... )
Les meilleurs penseurs du " vieux " libéralisme
5/5 Réseau Regain
.----. Les esprits les plus vifs et les plus critiques ne sont souvent pas de leur siècle. Cette faiblesse renforce leur esprit d’observation et aiguise leur sens de l’analyse. Bertrand de Jouvenel, ami de Raymond Aron et d’Emmanuel Berl, un peu négligé en France, mais fort célèbre dans les pays anglo-saxons, appartenait à cette catégorie. Bien que né en 1903 et mort en 1987, il aurait pu, par ses idées et par son style, figurer dans la grande galerie des meilleurs penseurs du «vieux» libéralisme. Ces auteurs qu’il cite d’ailleurs abondamment dans ses livres majeurs, Du pouvoir et De la souveraineté, et avec lesquels il était dans la plus grande familiarité: Montesquieu, Sismondi, Tocqueville ou John Stuart Mill, sans oublier d’autres penseurs plus inhabituels dans le camp libéral, comme Jean-Jacques Rousseau (dont il donnera une lecture brillante). ( suite ... )
" écologie politique "
4/5 Réseau Regain
.----. Puis progressivement, il dérivera vers cette " écologie politique ", dont on peut dire qu’il a été, avec son essai Arcadie, l’un des précurseurs. Sans pour autant partager toutes les conclusions du Club de Rome, il tentera d’alerter les esprits sur les excès du productivisme et son inhumanité. C’est ce que met en lumière la biographie d’Olivier Dard. C’est cet humanisme et cet attachement à préserver la terre (qui ne ment pas !) dont nous nous nourrissons qui caractérise le libéralisme de Jouvenel. Il dénonce la soumission de l’homme à la machine. Il évoque l’éphémère aliénant d’une société de consommation (sans en faire pour autant le procès habituel) et il condamne enfin les illusionnistes du «nomadisme» et de la «réforme permanente ». Car l’homme civilisé craint le bougisme. La frénésie permanente est un besoin de barbare… Une pensée libérale et conservatrice à cent lieues de l’actuelle pensée dominante, que cette biographie intellectuelle vient rappeler à un moment opportun. ( suite ... )
Avoir voulu jouer un rôle actif
4/5 Réseau Regain
.----. Mais l’erreur de cet esprit supérieur est d’avoir voulu jouer un rôle actif dans ce siècle de terreur, notamment comme journaliste ou comme esprit engagé. Ce qui le conduira avant guerre à des errements, à des illusions, à des faux pas qui ne cesseront de le hanter. Esprit inquiet et sensible, il saura en tirer après guerre la leçon, en épousant une carrière de penseur libéral. Existe-t-il pour autant plusieurs Bertrand de Jouvenel, le libéral, l’anticonformiste des années 1930, l’écologiste des années 1970 ? Comment expliquer en effet qu’une personnalité aussi respectée que Raymond Aron ait témoigné en faveur de l’ancien rédacteur en chef de L’Émancipation nationale, l’hebdomadaire du Parti populaire français (PPF), le mouvement d’extrême droite fondé en 1936 par Jacques Doriot ? Comment comprendre le soutien de cet apôtre du libéralisme à un homme qui, à l’âge de 25 ans, s’était rendu célèbre en prônant un renforcement des pouvoirs de l’État dans un manifeste sur L’Économie dirigée? N’y a-t-il pas une unité qui se dessine en arrière-plan? C'est ce qui ressort de la biographie sérieuse et documentée qui vient de lui être consacrée. ( suite ... )