"L'ennui avec les bons sentiments", note Patrick Besson dans l'une des chroniques qui composent ce livre, "c'est qu'ils conduisent droit aux mauvais". Patrick Besson a, pour sa part, choisi le chemin inverse. Les bons sentiments, il n'y songeait pas en se mêlant des affaires yougoslaves. S'il a pris racine à Belgrade, ce n' était pas par amour d'une cause. Il pensait dandysme, provocation, séduction lorsque ses collègues parisiens, entichés de Zagreb ou de Sarajevo, criaient conscience, mémoire, solidarité, intervention.
Pendant que d'autres se bâtissaient des carrières publiques sur le malheur des populations de Yougoslavie, Besson minait la sienne. Pendant qu'à Paris les intellectuels applaudissaient des bombardements "humanitaires", Besson, à Belgrade, en consignait les effets. Face à ceux qui monopolisaient l'écran, il aiguisait sa plume. Dénudées par son observation narquoise mais attentive, les stars de la bonne conscience apparaissent dans ces pages telles qu'en elles-mêmes. Trahies par leurs propres paroles, dénoncées par leurs postures ridicules, elles incarnent une des figures les plus détestables du bestiaire humain : la figure de Tartuffe.
Ces chroniques ont pour théâtre les guerres de Yougoslavie. Elles ont pour mobile l'amour d'un pays et d'une ville qui incarnent aujourd'hui, à leur manière désinvolte et souvent déroutante, la résistance au Nouvel ordre mondial.