Une courte mais dense biographie du jeune chef de guerre chrétien
5/5 AFS
.----. Pour le quarantième anniversaire de la mort de Béchir Gemayel, voici une courte mais dense biographie du jeune chef de guerre chrétien, devenu l’apôtre de l’unité libanaise face aux milices palestiniennes et à l’armée syrienne dans les années 1970-80.
Les deux auteurs – dont l’un a passé 7 mois au Liban en 1976 comme volontaire français – souhaitent faire connaître aux jeunes générations ces événements qui présentent une certaine similitude avec notre actualité et préfigurent – peut-être – ce qui nous attend. Rien ne prédispose Béchir, jeune avocat, à prendre les armes et à devenir président de la République libanaise en 1982. Mais les malheurs que connaît sa patrie l’incitent peu à peu à organiser la défense de son pays et à rallier à sa cause tous les Libanais de bonne volonté.
La vie de ce héros et martyr, assassiné le 14.09.1982, est présentée de façon très intéressante. Ses qualités militaires, politiques, morales sont bien mises en valeur ainsi que sa foi profonde.
À offrir aux grands adolescents et adultes pour nourrir leur réflexion, notamment dans nos rapports avec l’islam. La cohabitation durable entre chrétiens et musulmans au Liban et ailleurs est-elle possible ? De nombreuses et intéressantes illustrations, une chronologie, une carte du Liban complètent utilement l’ouvrage.
À partir de 16 ans et adultes.
AFS n° 284 (décembre 2022)
L’apôtre de l’unité libanaise ,
5/5 https://www.medias-presse.info/
.----. Yann Baly, Directeur général d’une collectivité territoriale, a été secrétaire général de Chrétienté Solidarité de 1998 à 2005, période à laquelle il a appris à connaître et aimer le Liban. Emmanuel Pezé fut volontaire français au Liban en 1976 et décoré de la croix du combattant Kataëb. Il est ensuite devenu journaliste (notamment pour Le Figaro et l’AFP). Il préside aujourd’hui l’Amicale des anciens volontaires français au Liban. Ensemble, ils co-signent une remarquable biographie de Béchir Gemayel (1947-1982), chef militaire des Phalanges libanaises puis des Forces libanaises, mort dans un attentat le 14 septembre 1982, trois semaines après avoir été élu président de la République du Liban.
C’est une période dont les moins de vingt ans de nos compatriotes ne connaissent généralement rien. Ce livre sera donc très utile à ceux parmi eux qui s’intéressent au sort des chrétiens d’Orient. Le christianisme est présent au Liban dès les premiers temps de l’Eglise. Installée dans la montagne libanaise depuis le VIIe siècle, la communauté des maronites – catholiques de rite syriaque – a connu tour à tour les persécutions des Arabes, des Ottomans et des Druzes, mais toujours elle a résisté, se réfugiant au besoin dans les grottes de la Vallée Sainte. En 1250, le roi Saint Louis s’adresse au patriarche maronite en ces termes : « Pour nous et nos successeurs sur le trône de France, nous promettons de vous donner, à vous et à tout votre peuple, notre protection spéciale, comme nous la donnons aux Français eux-mêmes. » Il est important de rappeler ce serment qui lie la France et le Liban.
Ce livre commence par rappeler l’histoire de la famille Gemayel, l’une des plus anciennes du Liban. Pierre Gemayel, père de Béchir, s’impose rapidement comme le chef des Phalanges libanaises créées en 1936 et devient l’un des artisans de l’indépendance du Liban le 22 novembre 1943. Tout naturellement, dès qu’il a l’âge de 15 ans, le jeune Béchir prend sa carte de membre du parti Kataëb et s’implique dans le militantisme phalangiste. D’abord professeur d’éducation civique, Béchir devient avocat au barreau de Beyrouth en 1974. L’année suivante, une attaque palestinienne contre Pierre Gemayel signe le déclenchement de la guerre du Liban. Béchir Gemayel devient vite à la fois un chef militaire respecté et un leader politique admiré. A l’issue de plusieurs années marquées par le sang, Béchir Gemayel promet de devenir l’apôtre de l’unité libanaise, gagnant la confiance des communautés musulmanes sunnites et chiites, mais également celle de l’ancienne et influente communauté druze du pays, et réussit le tour de force d’accéder à la magistrature suprême. L’espoir sera rapidement brisé par l’attentat qui le tue avec 23 autres personnes.
[ Signé : Ex Libris — le 24 juin 202 ]
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Assassiné à Beyrouth.
4/5 https://lanef.net/
.----. Le 14 septembre 1982, jour de la fête liturgique de la Croix, Béchir Gemayel, élu président de la République libanaise trois semaines auparavant, était assassiné à Beyrouth. Il n’avait que 35 ans. Quarante ans après le drame, ce fils d’une famille maronite reste vivant dans la mémoire d’une grande partie de ses compatriotes. Ceux-ci n’oublient pas l’exemplarité des engagements patriotiques de Béchir selon des principes hérités de son père, Pierre. Chef du parti Kataëb depuis 1937, ce dernier en avait fait « une école de formation civique » vouée à la lutte pour l’indépendance (obtenue en 1943).
En 1970, enlevé par des Palestiniens armés, qui, soutenus par une partie du monde arabe, notamment la Syrie, s’en prenaient prioritairement à des chrétiens alors que ceux-ci les avaient généreusement accueillis en tant que réfugiés, Béchir prit conscience des dangers encourus par son pays que guettait aussi l’islamisation. Il renonça alors à une carrière d’avocat pour organiser la résistance, sachant obtenir l’adhésion d’une partie des musulmans touchés par son souci de vérité.
Le livre très documenté, illustré de nombreuses photos, que lui consacrent les journalistes Yann Baly et Emmanuel Pezé, tous deux bons connaisseurs du pays du Cèdre, met en valeur la personnalité attachante du jeune militant, en s’appuyant sur ses idées et sur des témoignages. Le discours-programme qu’il prononça le jour de son assassinat, lors d’un déjeuner au couvent de la Croix dont sa sœur était la supérieure, en présence du nonce apostolique, est particulièrement édifiant. Les auteurs voient dans Béchir Gemayel, « apôtre de l’unité libanaise », un modèle d’espérance pour son peuple, confronté à de nouvelles épreuves. Ils invitent enfin les Européens à s’inspirer de son héritage à l’heure où ils ont, eux aussi, à relever des défis existentiels.
[ Signé : Signé : Annie Laurent dans les Lectures de La Nef - n°351 Octobre 2022 ]
PS : Qu'est-ce que La Nef ? :
La Nef a été créée en décembre 1990, c'est un magazine mensuel, catholique et indépendant. Ce faisant, La Nef s'inscrit clairement et sans complexe dans une ligne de totale fidélité à l'Église et au pape qui la gouverne.
« Béchir Gemayel incarne, chaque jour un peu plus, tout ce dont manque le Liban »
3/5 https://www.breizh-info.com
.----. Nous vous avons présenté la sortie d’un livre intitulé « Béchir Gemayel » paru dans la collection Qui suis-je de chez Pardès. A cette occasion, nous avons interrogé l’un des auteurs du livre, Yann Baly, dont l’entretien est à découvrir ci-dessous.
Yann Baly a 43 ans. Directeur général d’une collectivité territoriale, il a été secrétaire général de Chrétienté Solidarité de 1998 à 2005 où il apprend, aux côtés de Bernard Antony, à connaître et à aimer le Liban. Engagé dans l’action humanitaire pour ce pays. Rédacteur occasionnel au quotidien Présent et à la revue Reconquête.
Emmanuel Pezé de son côté fût Volontaire français au Liban (janvier-juillet 1976), Croix du Combattant Kataëb. Président de l’Association des anciens volontaires français au Liban (AAFVL). Il a étudié l’arabe oriental et littéral à l’Institut National des Langues et Civilisation Orientales (INALCO). Journaliste (Le Figaro, AFP…) : il est consultant en communication et auteur mais aussi Directeur des ventes Afrique et Moyen Orient pour un groupe français.
Breizh-info.com : Dans quel contexte né Béchir Gemayel ?
Béchir Gemayel est né en 1947 dans un Liban qui vient d’accéder à l’indépendance quatre ans plus tôt, en 1943, notamment grâce à la lutte menée par son père Pierre Gemayel, chef des Phalanges libanaises, fondées en 1936.
Les Gemayel sont une vieille famille enracinée dans la montagne libanaise depuis des siècles. Ils ont donné au Liban plusieurs grands hommes : combattants, religieux, diplomates… Depuis 1711, les hommes portent le titre honorifique de « cheikh », qui a été conféré à la famille après que l’un de leurs ancêtres se soit distingué lors de la bataille d’Ain Dara.
Béchir est né dans un Liban prospère que l’on nommera « la Suisse du Moyen-Orient », où le pouvoir est constitutionnellement partagé entre les chrétiens (alors majoritaires), les musulmans sunnites et les chiites. Cet équilibre commencera à être troublé en 1958 lorsque, sous l’influence nassérienne, la rue musulmane tente de prendre le pouvoir. Ce sera un échec mais ces événements préfigurent la guerre qui éclatera 17 ans plus tard.
Breizh-info.com : Lorsqu’il s’engage pour son pays, le Liban, quel est le contexte géopolitique de l’époque ?
Comme toute la région, le Liban subit la montée en puissance du conflit qui oppose Israël et les pays arables. Les Libanais ont, dès les années 50, accueilli avec une grande générosité, les réfugiés palestiniens. Les chrétiens libanais et l’Eglise maronite offrent même des terrains pour que les Palestiniens puissent s’y installer durablement, dans de bonnes conditions. Ces terrains deviendront, pour certains, de véritables camps retranchés, d’où partiront les attaques des feddayin contre l’Etat libanais et les chrétiens. Leur démantèlement coutera des milliers de vies de combattants chrétiens.
En effet, avec les accords du Caire, signés en 1969 par le chef d’Etat major de l’armée représentant l’Etat libanais, ces camps ont reçu un statut d’extra-territorialité et les miliciens palestiniens se sont vus reconnaître le droit de s’armer pour mener des attaques contre Israël. Ces armes serviront surtout à tuer des chrétiens libanais.
Dès lors, l’armée et la police libanaises se trouvent totalement dépassées tandis que les agressions, enlèvements, viols et assassinats se multiplient contres les chrétiens. C’est alors que les différents partis chrétiens, au premier rang desquels se trouvent les Phalanges libanaises (les Kataëb) de Pierre Gemayel, décident de s’armer et de se préparer à l’affrontement inéluctable.
Béchir et ses compagnons seront prêts à engager la lutte lorsque, le 13 avril 1975, se déclare la guerre du Liban.
Breizh-info.com : Béchir Gemayel était catholique. En première ligne face à la montée de l’islamisme dans son pays. Quels ont été ses avertissements et prémonitions ?
Plus précisément, Béchir était un chrétien maronite, c’est-à-dire catholique de rite syriaque. Il a très vite compris que face à l’agressivité palestinienne et musulmane, le temps des « palabres » était révolu. Il a motivé son combat par la double volonté de redonner sa souveraineté au Liban et de rétablir l’autorité de l’Etat Libanais mais également de préserver la liberté des chrétiens du Liban.
Dans ses discours, il énonce clairement qu’il refuse pour son peuple cette dhimmitude qui est imposée aux non-musulmans dans les sociétés islamiques. Il le répétera sans cesse, comme à un journaliste de L’Orient-Le Jour en 1981 : « En 1975, il a été dit qu’il suffisait de cinq Palestiniens pour nous jeter à la mer. Nous n’avons pas eu un réflexe minoritaire, mais un simple réflexe de citoyens qui refusent la soumission. Nous avons refusé de vivre en gens de dhimmi ».
Ce combat, il l’a mené pour le Liban mais, au-delà, pour tous les chrétiens d’Orient et aussi pour l’Occident qui avait déjà commencé son déclin, face à la menace soviétique et à la montée en puissance du phénomène islamique, que Béchir avait vu venir. « Ou bien la Paix que connaissent les autres nations s’étendra jusqu’au Liban ou la guerre qui sévit au Liban atteindra les autres nations. Il n’y a pas d’autre alternative » prévient-il en 1981.
Breizh-info.com : Il a été assassiné dans un attentat. Par qui, pour quelles raisons ?
Béchir Gemayel est élu président de la République libanaise le 23 août 1982. Dès lors, il devient un danger encore plus important pour la Syrie, qui tente depuis des années de mettre la main sur le Liban. Au-delà de la question régionale, il est un élément de pointe face à l’influence soviétique au Moyen-Orient. Dès lors, son sort était scellé. Une protection maximale aurait dû être organisée autour de sa personne. Lui-même ne l’a pas souhaité, voulant conserver ses habitudes de proximité avec ses amis et le peuple libanais.
Le 14 septembre 1982, une forte charge explosive, placée par un militant libanais pro-syrien, dans un appartement voisin, pulvérise le siège des Kataëb d’Achrafieh où Béchir tient une conférence hebdomadaire. Béchir et 23 autres personnes perdent alors la vie.
Breizh-info.com : Quel héritage a-t-il laissé aujourd’hui au Liban, un Liban qui semble particulièrement souffrir, et particulièrement instable économiquement ?
Béchir incarne, chaque jour un peu plus, tout ce dont manque le Liban : un chef intègre et déterminé, un homme attentif et animé d’une « passion de la vérité », ainsi que l’avait qualifié le père Sélim Abou, son premier biographe.
40 années après sa mort, l’intérêt des jeunes libanais pour Béchir ne cesse de grandir. A chaque événement heureux ou, hélas, plus souvent, malheureux, des portraits de lui fleurissent au coin des rues. Dans les manifestations de contestations, on entend la foule crier « Bachir hay fina » c’est-à-dire : « Béchir vit en nous ». Bref, 40 ans après, Béchir symbolise l’espoir et l’esprit d’un peuple.
[ Propos recueillis par YV le 15 juin 2022 pour breizh-info.com ]
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