Immense talent .
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.----. Voilà qui ne pourra pas être reproché
à Michel Lécureur! Il nous révèle
un Barbey dépouillé des oripeaux de
sa légende, sur laquelle beaucoup ont
écrit pour mieux s’en draper eux-mêmes,
un Barbey plus pitoyable
qu’exaspérant, un Barbey sans compromis,
condamné à courir les journaux
pour y exercer le métier de journaliste
qu’il méprise, un Barbey
solitaire dont l’immense talent de romancier
n’est pas reconnu par un
siècle bourgeois qu’il déteste, un Barbey
complexe, mais un Barbey fulgurant,
capable de décrire, dans
L’Ensorcelée, l’abbaye de Blanchelande
ou la lande de Lessay sans jamais y
avoir mis les pieds ! Le biographe de
préciser «qu’on atteint là la quintessence
de Barbey, ce don du romancier
de faire vivre des lieux et des situations
qu’il ne connaît pas.»
Enfant du Calvados, l’auteur découvre
Barbey pendant ses études à
l’université de Caen. Sa femme,
Christiane, qui vient de la Manche,
lui souffle le sujet de son diplôme
d’études supérieures: les personnages
féminins chez Barbey. Il se plonge
dans Un prêtre marié, Une vieille
maîtresse, Le Chevalier des
Touches… et passe des heures au
Musée de Saint-Sauveur-le-Vicomte.
Il lit toutes les biographies existantes.
Même si certaines étaient pas mal documentées,
d’autres bien écrites comme
celle d’Hermann Quéru, aucun
travail sérieux n’avait été fait. Il se
promet d’y revenir un jour. Ce qu’il
fait près de quarante ans plus tard,une fois prise sa retraite de professeur.
Son but : publier la biographie en
2008, l’année du bicentenaire de la
naissance de Barbey. [ Notes de lectures de Georges Leroy - juin 2008 ]
Patient et minutieux travail .
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.----. Mais qu’aurait pensé Barbey du
patient et minutieux travail de Michel
Lécureur, lui qui avait passé son temps à inventer sa vie ou à la rêver? Parions
qu’il aurait fulminé et aussitôt trouvé
un journal où publier une réponse
brillante et cinglante, au risque de se
brouiller, une fois de plus, avec le directeur
de la publication… Dans un
article paru dans Le Nain jaune en
janvier 1867, Barbey a du reste écrit
ce qu’il pensait de l’exercice: «La biographie
est une ogresse qui veut
chaque matin sa pâture, et quand elle
ne l’a pas, elle mâche à vide […] Inconséquente,
d’ailleurs, et sans
conscience, elle confond sans souci
les dates, les lieux et même les personnes,
ce qui est plus fort!» ( suite ... )
Franc-tireur dans son propre camp .
4/5 Réseau Regain .
.----. Michel Lécureur est l’auteur de
nombreux ouvrages sur Marcel Aymé
ou Raymond Queneau. Il est passionné
depuis toujours par Barbey Aurevilly,
auquel il a consacré beaucoup
de recherches.
Normand républicain puis, monarchiste
catholique ultramontain, Barbey
Aurevilly (1808-1889) a toujours
été un franc-tireur dans son propre
camp allant même jusqu’à oublier ses
convictions réactionnaires pour avancer
des idées parfaitement novatrices.
Dandy féru de lord Byron, de Chateaubriand
ou de J. de Maistre, Barbey
Aurevilly se révéla fin critique littéraire
et polémiste outrancier. Il fustigea
Hugo et Zola pour mieux encenser
Balzac et Baudelaire.
Mais ce journaliste boulimique et
influent qui peina pourtant longtemps
à publier ses textes a-t-il été véritablement
reconnu comme romancier de
son vivant? Ses études à Valognes, ses
amours avec Louise Cautru des Costils
puis avec la baronne de Bouglon, ses
relations avec Maurice et Eugénie de
Guérin ont fait l’objet de plusieurs interprétations
approximatives voire erronées
que Michel Lécureur a su démêler.
Dans cette biographie
richement documentée, l’auteur a respecté
l’un des aphorismes, de l’auteur
des Diaboliques selon lequel
"l’érudition par-dessus c’est le fardeau;
par-dessous c’est le piédestal".
( suite ... )