"Ami lecteur, lecteur, si tu connais la vie et les misères humaines, si tu es courageux, si tu aimes la vérité, tout amère qu'elle soit, ouvre sans crainte les pages de ce livre : tu n'y trouveras rien que tu ignores, qui t'étonne ni qui t'offense. si tu es d'âme pieuse et timide, si tu n'es pas sorti de ces limbes de l'entendement où nous enferme le manque d'expérience plutôt que l'innocence du coeur, si la vérité te scandalise, parce qu'elle est nue, et blesse ton amour-propre, parce qu'elle est rude, arrête-toi - ou du moins, n'avance pas sans écouter ce que je dois t'apprendre. [...] Et maintenant, ami lecteur, demeure en paix. Libre à toi, s'il te plaît, d'ouvrir ces pages ou de te dérober. Mais je crains que tu ne brûles de les lire et que tu ne les dévores lettre à lettre. Je crains - si, comme je le désire, mes arguments ne t'ont point convaincu - d'avoir excité malgré moi ta curiosité. Que Dieu soit avec toi et qu'il te bénisse. Pour moi, je retourne à ma solitude."
"Voici l'intéressant portrait que M. René Bazin a tracé du père Luis Coloma, dans la Revue des Deux Mondes de février dernier :
« "C'est un homme d'un peu plus de quarante ans, assez grand, assez fort, d'un accueil très simple. Il a le visage carré, les traits réguliers, les sourcils nets et noirs et une expression habituelle de lassitude, ou plutôt, il est de ces maladifs qui ont une physionomie à éclipses. Le jeu instinctif des muscles est devenu un effort chez eux. Mais, dès qu'il parle, les yeux s'animent. Le sourire est fin, spirituel, je dirais presque involontairement mondain. On sent très bien que ce religieux a souri dans un salon." »