Diffusée annuellement à plusieurs millions d'exemplaires, traduite en mille langues et dialectes, la Bible est "le" Livre (en grec : biblion) par excellence. Livre sacré des juifs, auxquels fut révélée la Loi de Dieu par l'intermédiaire du prophète Moïse au Sinaï ; livre sacré des chrétiens, qui universaliseront le message, destiné a priori au peuple hébreu. Pour les "gens du Livre", le credo biblique est simple : "je suis Dieu, il n'en est pas d'autre." (Is 45, 6.)
Pourtant, la Bible hébraïque - l' "Ancien Testament", pour les chrétiens - est d'une grande complexité d'interprétation. La "Septante" grecque diverge notablement des originaux retenus par les savants juifs et, longtemps, il circula des versions plus ou moins fiables. La " Vulgate " latine (adoptée au concile de Trente, en 1546), aboutissement des patients efforts entrepris dix siècles auparavant par saint Jérôme, à partir de la "langue sacrée" de la Révélation, est bien adaptée à l'usage liturgique de l'Eglise. Mais aucune traduction ne restituera jamais la beauté de l'original.
Ce B.A.-BA de l'Ancien Testament emprunte à la paléographie, à la philologie, à l'archéologie biblique, à l'exégèse textuelle, sans pour autant prétendre solutionner la question des sources rédactionnelles des Cinq Livres de Moïse (Torah ou Pentateuque) qui constituent le socle inébranlable du judaïsme. Dans la forme familière que nous lui connaissons, la Bible résulte de multiples inspirations prophétiques, de traditions orales, de compilations et de réajustements, et ce, durant une dizaine de siècles... Elle ne sera fixée, à la lettre près, qu'avec l'œuvre magistrale des massorètes, à l'aube du Moyen Age.
L'immense contenu doctrinal, l'universalité et l'actualité du message biblique, sa sacralité même, priment, il va sans dire, sur les considérations socio-historiques auxquelles la critique réduit trop souvent la Parole de Dieu. Quant au sceptique distrait et blasé de "notre temps", il est loin de soupçonner à quel point "il ne s'agit pas dune parole sans importance" (Dt 32, 47), mais de sa propre vie.