A l'automne de 1977, la très bourgeoise clientèle du Figaro eut la surprise de découvrir, dans le nouveau supplément de fin de semaine "Le Figaro-Dimanche", dont Robert Hersant venait de confier la direction à l'écrivain Louis Pauwels, des articles portant sur des sujets auxquels elle n'avait jusque là guère été habituée : on y parlait des traditions populaires et des Indo-Européens, des thèses de Gramsci sur le "pouvoir culturel", de la Révolution Conservatrice allemande, du vieux débat entre le monothéisme et le paganisme, de Carl Schmitt et de la désignation de l'ennemi. On s'en prenait au marxisme, mais aussi au libéralisme, à l'individualisme et aux valeurs marchandes. On citait Jules Monnerot, Pierre Debray-Ritzen, Stéphane Lupasco, Clément Rosset, Julius Evola, Claude Polin et Gustave Le Bon.
Un an plus tard, en octobre 1978, "Le Figaro-Dimanche" cédait la place à un luxueux magazine imprimé tout en couleurs : Le Figaro Magazine. Les mêmes thèmes de prédilection y étaient développés, tant par Louis Pauwels lui-même que par les membres de la jeune équipe dont il avait tenu à s'entourer. Une équipe qui s'était formée onze ans plus tôt, autour de revues comme Eléments et Nouvelle Ecole, et dont certains membres avaient déjà une bonne expérience du journalisme. C'est à cette équipe que l'on allait bientôt décerner une dénomination pour le moins équivoque : la Nouvelle Droite.
Louis Pauwels avait conçu Le Figaro Magazine comme une arme culturelle. Le journal s'est donc d'emblée positionné contre les "idéologies à la mode", expression qui désignait alors l'incontestable hégémonie intellectuelle dont bénéficiait, notamment à l'Université, et aussi dans les médias, un certain nombre de courants de pensée classés alors à gauche ou à l'extrême gauche. Ce sont mes articles du "Figaro-Dimanche" et du Figaro Magazine que j'ai réunis dans ce volume. Soit une centaine de textes échelonnés sur un peu plus de cinq ans. On peut, je crois, tirer de cette aventure quelques leçons très actuelles. A.B.