Sur l'océan des savoirs contemporains, la géopolitique est un continent fréquemment invoqué, mais bien peu exploré. Trop souvent la réduit-on à quelques auteurs, Ratzel, Malan, Kjellén, Mackinder, Haushofer et Spykman, dont on ne retient qu'une formule absconse, Sea Power, Heartland, Rimland etc. On oublie au passage quantité de précurseurs, compagnons de route et successeurs plus ou moins avoués : Hérodote, Thucydide, Aristote, Strabon, Vauban, Montesquieu, Mably, les saint-simoniens, List, Durando, Orsini d'Agostino, les penseurs eurasistes, Renner, Brunhes, Vallaux, Gottmann, Lohausen, Gallois ou Brzezinski...
Le présent ouvrage ne se contente pas d'exposer les idées des uns et des autres, il les situe dans leur contexte et en évalue la pertinence. Il précise ainsi les contours d'une discipline aussi fascinante qu'incertaine. Mêlant aperçus géniaux et pur charlatanisme, nationalismes exacerbés et espoirs de coexistence pacifique, emprunts à la science contemporaine et réminiscences magiques ou alchimiques via le romantisme, tentations technicistes et nostalgies écologistes, la géopolitique apparaît à la fois comme l'aboutissement d'une intuition plurimillénaire et comme un phénomène culturel emblématique de la modernité.
Hervé Coutau-Bégarie (1956-2012), auteur d'une vingtaine d'ouvrages, fut le principal animateur de la recherche stratégique française entre 1985 et 2012.
Martin Motte, maître de conférences de l'Université de Paris-Sorbonne en détachement aux Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan, est l'un de ses successeurs à l'Ecole de Guerre.