L'Abbé Jean-Paul André, notre prêtre-poète, a peaufiné son art et lissé sa méthode. L'explication préalable, brève et savante, ouvre à la lecture du poème. Le lecteur, prévenu du mot rare et instruit de son sens, peut se laisser aller à la chanson. La musique lui en donnera une intelligence supérieure.
C'est une oeuvre originale que celle de prêcher par voie de poésie. Mais c'est surtout une oeuvre utile. L'Abbé André est un passeur ou un guide. Il nous permet d'entrer dans les voies de la sagesse et puis, la porte franchie, il montre ou il suggère. Il explique un peu puis se tait. Le poème, alors, peut prendre doucement possession de notre coeur et de notre esprit et nous introduire aux joies de la connaissance.
Sapiences !
La sagesse a été coulée ici dans la forme du vers, que Maurras disait "si grand ami de la mémoire". C'est que les Muses sont filles de Mémoire et que, sans mémoire, notre vie se dissout sur "les cristaux du fluide, du fuyant, de l'enfui et de l'en allé".
Rar là, le Maître de Martigues pouvait conclure que "le mystère de l'art côtoie le mystère du monde par la vertu du vers en soi, par l'incarnation de la fabuleuse gageure hors laquelle il n'y a que la Prose et le Malheur, la Prose et le Deuil, sans retour".
Dans ces poèmes, les "retours", en rimes et refrains, césures et cadences, sont la vivante preuve que le vers est bien celui qui "retient dans ses griffes dorées l'appareil éboulé de la connaissance".
Le poème est donc bien, à l'image du divin Maître, Verbe et Vie.
Me Jacques Trémolet de Villers