Il y a un peu plus de cinq cents ans naissait Anne de Bretagne, dont le destin allait être capital pour l'Histoire, puisqu'elle unit son duché, ravagé par les guerres, à son ennemi héréditaire, la France.
Fidèle à sa technique personnelle et très vivante du "reportage vécu" dans le passé, Hervé Le Boterf, l'auteur de ces grands succès que furent La Bretagne dans la Guerre et La Vie parisienne sous l'Occupation, fait ressurgir dans Anne de Bretagne, parmi le flamboiement des passions politiques et militaires, la fresque d'une aventure exceptionnelle dont Anne fut l'héroïne.
Hervé Le Boterf a pu découvrir des documents qui projettent un éclairage nouveau sur la personnalité d'un chef politique étonnamment précoce. Anne de Bretagne n'avait pas quinze ans quand elle épousa, contre son gré, le roi de France Charles VIII. Elle était passée maître en l'art de la diplomatie et ses qualités de réflexion, d'énergie et de charme, firent d'elle, ainsi que Brantôme se plut à le rapporter, l'une des femmes les plus illustres de son temps.
Comment pouvait-il en être autrement, puisque, élevée dans une cour brillante et cultivée, mûrie de bonne heure par les épreuves des combats, Anne était, à la veille de son dixième anniversaire, le parti le plus envié de toute l'Europe. Treize prétendants, dont les futurs monarques d'Autriche, d'Espagne et d'Angleterre, se disputaient l'honneur d'obtenir sa main.
Dix-huit ans après sa mort, la Bretagne était rattachée à la France. Anne avait été, à contrecœur mais consciemment, l'artisan de cette fatalité historique.
Les mariages de raison sont souvent plus durables et plus solides que les mariages d'amour. Sont-ils plus heureux pour autant ? Il appartient au lecteur d'en tirer la conclusion qui lui convient.
Il n'en reste pas moins que, toute sa vie durant, Anne sut maintenir l'indépendance de son duché en remplissant, sans le moindre reproche, son rôle de Reine de France. Ce personnage qui a été souvent maltraité par l'Histoire en raison de légendes abusives, n'est plus celui de l'assez ridicule et pitoyable " duchesse en sabots ". Il sort grandi, à la lecture d'un livre qui lui restitue son auréole d'héroïne nationale, à la fois des Bretons et des Français.