Une vraie souveraine,
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.----. Professeur à l’université de Besançon, Jean-François Solnon est un des meilleurs spécialistes de la période moderne. On lui doit des biographies d’Henri III (Perrin, 2001), de Catherine de Médicis (Perrin, 2003) et une très intéressante étude la relation entre l’Europe et l’Empire Ottoman, Le Turban et la Stambouline (Perrin, 2009) qui obtint le prix d’histoire de l’Europe. Il revient ici avec une biographie d’une reine, Anne d’Autriche, dont le rôle ne se limita pas à inspirer Alexandre Dumas…
Une reine malheureuse
Jean-François Solnon nous livre ici un portrait de femme, ça correspond à l’esprit du temps. L’histoire d’Anne est banale : voici une jeune princesse espagnole mariée par raison d’état à un jeune roi de France. La voici donc, notre jeune et jolie espagnole, reine de France… mais le mariage tarde à être consommé, tellement Louis XIII est peu à l’aise avec sa sexualité et les choses du corps. Et puis Anne est jeune, maladroite : sa première fausse couche lui aliène le jeune roi qui commence à la négliger. Et ce sera de pire en pire, la reine choisissant mal ses amies et trempant dans des intrigues ou des complots, toujours découverts par Richelieu. L’histoire avec le duc de Buckingham, archi-connue, laissa bien des traces au sein du couple royal. Elle finit cependant par mettre au monde un dauphin, le futur Louis XIV.
Une régente habile
À lire Solnon, on se dit finalement qu’il y a deux Anne d’Autriche : celle d’avant la naissance de Louis XIV et celle d’après. Dans un premier temps, Louis XIII et Richelieu la laissent à l’écart des affaires de l’Etat. Elle n’en devient pas moins régente et, avec le soutien du Parlement, avec une autorité pleine et entière, cassant ainsi le testament de son époux. Elle poursuit cependant la politique de Richelieu contre les Habsbourg, garde Mazarin et tient tête aux frondeurs. Elle a du sang froid, le sens du calcul, même si elle n’aime pas entrer dans le détail des affaires. Et elle laisse à son fils un royaume devenu virtuellement la première puissance d’Europe. Si elle écarte Marie Mancini et force Louis XIV à épouser Marie-Thérèse, elle ne peut empêcher ses nombreuses liaisons (et encore ne verra-t-elle pas son histoire avec madame de Montespan).
Au total, cette femme qu’on jugea faible, écervelée, légère, s’avéra une vraie souveraine, suscitant l’admiration durable de son fils. Excellente biographie de Jean-François Solnon.
[ Sylvain Bonnet dans Boojum - Webzine d'information culturelle ]