A la fois crainte et admirée par son excédent budgétaire, sa dette en diminution, son commerce extérieur excédentaire record, citée en exemple et décriée et le plus souvent mal connue, l'Allemagne, unifiée il y a à peine 150 ans, n'a cessé depuis lors d'occuper une place prépondérante dans l'histoire de l'Europe et du monde. A l'origine, avec les Etats-Unis, de la deuxième révolution industrielle au XIXe siècle, elle allait marquer l'histoire du siècle suivant à travers les deux guerres mondiales qui mettaient aux prises, à l'ombre des prétextes historiques et idéologiques mis en avant, les deux plus grandes puissances industrielles et économiques du monde, après le déclin de l'Angleterre à l'aube du XXe siècle.
Géant économique et industriel avec un capitalisme industriel rhénan face à un capitalisme financier anglo-saxon et nain politique (Traité de Maastricht de 1992 qui la lie à la politique étrangère de l'OTAN qui maintient de près de 200 bases américaines sur son sol depuis 1945), l'Allemagne, face à la crise politique, identitaire, économique et institutionnelle de l'Union européenne, au Brexit et à l'élection de Donald Trump, est au carrefour de deux voies : la soumission au fameux "système" international mondialiste lié au "Nouvel Ordre Mondial" étasunien, ou son affranchissement pour retrouver souveraineté et puissance dans une véritable Europe des nations et des peuples, en partenariat avec la Russie de Poutine et l'Amérique traditionnelle de Trump.
Etant donné la place qu'occupe aujourd'hui l'Allemagne au centre de l'Europe, de ses choix dépendront l'avenir de l'Europe et celui de l'Occident.
Thierry Gobet, Prix Renaissance 2011, en première sélection du Prix de l'excellence économique 2013, nous livre ici une réflexion géopolitique particulièrement étayée où présent et passé sont intimement liés, nous aidant à mieux cerner les véritables enjeux de l'Allemagne et de l'Europe à l'heure où l'Occident est aux prises avec ses propres démons face aux périls extérieurs grandissant.