Automne 2004 : "quinze mille emplois supprimés en Allemagne en une journée", titre Le Figaro. C'est avec surprise et inquiétude que les Français ont entendu, ces derniers jours, les premiers grondements annonciateurs d'un tremblement de terre tout proche, inimaginable de l'autre côté du Rhin.
Peu habitués à regarder hors de l'hexagone, nous gardons, de l'Allemagne, une image anachronique et faussement idéalisée. Or ce pays est en train de mourir, comme économie, comme nation, comme peuple. Mais il ne le sait pas. Ses voisins non plus. Car le mal est invisible. C'est un effondrement démographique vieux de trente ans déjà, qui ronge son économie, ses capacités de défense, ses forces vives et son envie de vivre.
Comment expliquer ce drame ? Par le passé allemand, riche de drames et de tourmentes, certes, mais surtout parce que les Allemands ont perdu la foi en eux-mêmes et en leur avenir.
Ce que ni les rêves de Guillaume II, ni les folies d'Hitler n'avaient pu faire, Helmut Kohl, puis Gerhart Schroeder l'auront réussi : l'Allemagne va disparaître en tant que nation constituée.
Le couple franco-allemand, réduit à la fable de l'aveugle et du paralytique, est condamné et la "construction européenne", avec un "trou noir" en formation à son épicentre, va se désagréger.
Yves-Marie Laulan, économiste et banquier, a suivi une carrière qui l'a mené des cabinets ministériels aux institutions internationales (FMI, Banque mondiale, OTAN), en passant par la Société Générale, le Crédit Municipal de Paris. Il a enseigné également dans diverses universités, dont l'Institut d'études politiques de Paris. Il a publié en France et à l'étranger une douzaine d'ouvrages d'économie ou de géopolitique.