Inconsolable et inconsolé d'avoir perdu son pays, la réflexion de l'auteur l'amène, dans une analyse des acteurs du drame algérien, les Français, les Pieds-Noirs et les Musulmans, à la conclusion qu'il n'y avait aucune chance pour la France de conserver l'Algérie, au-delà même des mensonges et des trahisons de De Gaulle, parce qu'elle a négligé, par son idéologie officielle anti-religieuse, la profondeur du phénomène de l'Islam, seul ciment d'une rébellion aux composantes des plus disparates.
Les Pieds-Noirs, curieusement aveugles et sourds, insouciants de l'avenir à force de vivre un présent paradisiaque, se sont contentés du seul recours à l'Armée pour mater les émeutes récurrentes depuis la conquête.
La clé de la pérennité française ne pouvait se trouver que dans la conversion au christianisme des Berbères d'abord, des Arabes ensuite, thèse que l'auteur présente en terme de choix, et non en terme de valeur : la prophétie du Père Charles de Foucauld, écrite en 1912, est plus qu'éloquente à ce sujet.
Utopie ? Voire... si l'on veut bien prendre en compte la quelque dizaine de millions d'Arabes chrétiens du Moyen-Orient, aux portes de la Mecque, et l'implication de 300.000 harkis dans la lutte anti-FLN !
A présent seuls maîtres de leur destin, les Algériens achèvent ce Gâchis Fatal, de Charybde en Scylla, du socialisme appliqué à l'islam pratiqué, en défigurant un pays au potentiel fabuleux, trahissant Saint-Augustin, trait d'union historique entre la berbérité et le christianisme.
L'auteur, né à Bône (il y tient... ), fils de gendarme, Saint-Cyrien de la promotion lieutenant-colonel Jeanpierre (59-61), rejoint l'OAS le 26 mars 1962, après les "accords d'Evian" qu'il n'a pas tolérés. Il regagne clandestinement l'Algérie avec trois camarades de promotion. Mis à la disposition du colonel Chateau-Jobert, il découvre en Kabylie la faiblesse des moyens de l'Organisation, avec le spectacle lamentable de Pieds-Noirs se bousculant pour gagner la métropole, et de Harkis s'entassant sur les quais de Bougie, dans l'attente d'un vain embarquement... De retour en France, il purge une clandestinité de trois ans et retrouve la vie civile en 1965. Il vient d'achever une carrière dans l'industrie pharmaceutique.