Biographie simpliste et pas objective
1/5 Anca
J'ai lu beaucoup de livres et biographies sur la Russie tsariste, c'est pourquoi je me permet d’émettre plus d'une critique sur le présent ouvrage.
Si vous aimez les histoires romancées à la "Sissi impératrice" ce livre est fait pour vous; si par contre vous recherchez un ouvrage historique afin de comprendre l'effondrement de l'empire tsariste vous allez être très déçus, voire excédés.
La biographie fait preuve d'un parti pris que je crois n'avoir jamais vu dans aucune des autobiographies que j'ai lu. Il s'agit en fait du récit de la gentille impératrice et de ses amis contre la méchante noblesse. Ses erreurs, son tempérament proche de l'hystérie, sont largement édulcorés et imputés à la méchante belle-mère et à sa cour.
Je ne nie pas qu'en tant qu'impératrice elle a dû faire face à de terribles épreuves, notamment l'absence d'héritier puis l'hémophilie de celui-ci; mais enfin, il y a toute une palette de nuances, et il est bien dommage que quelqu'un qui se prétende historien ne retienne que le blanc pour dépeindre son héroïne (qui était tout de même extrêmement impopulaire, tant dans la noblesse que dans le peuple). Le fait est que, quel que soit les difficultés qu'elle a pu rencontrer, son choix de vivre retirée de la cour, son influence néfaste sur le faible Nicolas (notamment en le poussant à maintenir l'autocratie la plus absolue), son attrait pour les personnages douteux, ont été une des causes de l'écroulement de l'empire - et de leur mort à tous.
D'un point de vue purement "scientifique": une bibliographie qui tient sur une demi-page (!), aucune citation avec référence bibliographique, des dialogues fictifs pour appuyer les arguments, des conclusions à l'emporte-pièce donnant toujours raison à Alexandra, et pour appuyer ses dires des sources tels que "on", "les historiens", "ils" jamais référencées. Du travail de romancier.
Je suggère au lecteur "Raspoutine : L'ultime vérité" de Edvard Radzinsky s'il souhaite lire un vrai livre d'histoire. Alexandra n'y est pas dépeinte comme une sorcière, loin de là, mais comme une personne avec ses défauts et ses qualités, à qui la vie et des nerfs trop fragiles ont fait perdre pied à un moment critique de l'histoire. Un vrai travail de recherche et d'historien, où l'auteur ne fait aucune conclusion hâtive. Le meilleur ouvrage à mon sens sur cette période troublée.
Voilà, certains me trouveront culottée de critiquer ainsi le travail d'un historien reconnu, mais ceux qui ont déjà lu quelques biographies comprendront je pense ma frustration.