"Vous avez réussi ce tour de force auquel on rêve : être un troubadour dont on se demande s'il existe, tellement ses rimes courent les rues et prêtent une langue à ceux qui n'en ont pas." Tel était le compliment que Jean Cocteau adressait à Albert Willemetz.
Roi du Paris de l'entre-deux guerres, directeur des Bouffes-Parisiens, auteur de trois mille chansons (Mon Homme, Dans la vie faut pas s'en faire) Valentine, Félicie, Paris sera toujours Paris... et de 80 opérettes (Phi-phi, Dédé, Là Haut, Ta Bouche, Trois Valses, Andalousie... ), Albert Willemetz le dernier grand Parisien, a révolutionné le théâtre musical français à la fin de la Grande Guerre, tout comme il a durablement renouvelé la chanson populaire, en inventant un principe d'écriture dont les auteurs s'inspirent toujours... parfois sans le savoir.
Willemetz eut pour compositeurs toute la fine fleur de la musique savante et populaire du XXe siècle : André Messager, Arthur Honegger, Maurice Yvain, Henri Christiné , Raoul Moretti, Werner-Richard Heymann, Joseph Szulc, Irvin Berlin , Sigmund Romberg, Georges Van Parys, Louiguy, Tiarko Richepin, Oscar Straus... Et pour interprètes les artistes les plus en vogue : Mistinguett, Maurice Chevalier, Arletty, Henri Garat, Suzy Delair, Luis Mariano, Jean Gabin ou même Barbara.
Jamais une étude aussi complète n'avait été consacrée à cet homme oublié et à cette oeuvre qui hante les souvenirs. Christophe Mirambeau a retrouvé des oeuvres réputées perdues après leur création, oeuvres parfois célèbres, comme Florestan 1er Prince de Monaco et son fameux "Amusez-vous'" . que Willemetz écrivit avec Sacha Guitry et Werner-Richard Heymann, ou d'autres à la postérité plus discrète : Mes Amours, musique d'Oscar Straus, destiné à Joséphine Baker. L'auteur propose, à travers l'étude de la technique d'ecriture des lyrics et de la construction et des conditions de création des oeuvres d'Albert Willemetz et de ses musiciens, le tableau complet de l'évolution historique et stylistique du théâtre musical français depuis les annees 1910 jusqu'aux sixties.