Roumi et fier de l’être
5/5 L’Action française 2000
.----. Roumi et fier de l’être
L’Algérie au cœur. Et plutôt deux fois qu’une.
Des livres sur les dernières années de l’Algérie française, il en est paru beaucoup, pas
toujours d’une grande originalité, mais intéressants quand ils avaient une valeur historique et émouvants quand ils offraient l’accent du « vécu », forcément dramatique.
Celui de Jean Taousson, Adieu roumi, cumule ta vérité d’un document, la sincérité d’un
témoignage, ta vivacité d’un récit et ta séduction d’un roman puisque l’action se situe en
un lieu et un temps où la fiction, romanesque ou meurtrière, était la réalité. L’auteur
pourrait bien dire : Ma vie est un roman. » Un roman si riche et un héros si nuancé que
celui-ci a besoin de s’incarner en deux personnages pour retracer toutes les péripéties
d’une vie mouvementée et en expliquer les contrastes, sinon les contradictions.
Né en 1930, à Alger, Jean Taousson a vécu l’âge d’or de l’Algérie française en amoureux
fou de La vie, de sa ville, des femmes, du sport, de la mer, du soleil, des copains ; puis
en desperado du dernier baroud ; enfin en paria arraché à son pays mais dont rien
n’arrachera jamais le pays de son cœur.
C’est la trame de cet ouvrage où l’on va suivre les pérégrinations de Marc et Mathias nés
le même jour dans deux familles voisines sur le même palier d’un immeuble d’Alger,
deux amis inséparables et cependant deux tempéraments dissemblables : ils sont tous les
deux attachés à l’Algérie, mais ils n’ont pas le même point de vue sur la meilleure façon
de la garder française. Et c’est au moment de la perdre qu’ils vont découvrir à quel point
elle est belle et combien le bonheur d’y vivre est fragile.
À la fin, on s’aperçoit que si Jean Taousson n’a fait que parler de lui – et doublement
puisqu’il se dédouble – il n’en a pas moins raconté les trente dernières années de
l’Algérie française comme on ne l’avait encore jamais fait.
Adieu roumi est édité par une petite maison dirigée par une jeune femme intrépide qui ne
semble redouter que deux choses : la pensée en bois et le style en plomb. [ Signé : Norbert Multeau dans " L’Action française 2000 ", n° 2814, du 7 au 20 avril 2011 ]
Les pires épreuves ?
5/5 Lectures Françaises .
.----. Le récit de Jean Taousson, Adieu Roumi a été honoré du Prix Norbert-Cépi 2011 (nom
du fondateur du Salon national des Ecrivains et Artistes rapatriés). Il est une évocation de
l’Algérie pendant les trente dernières années (1930-1962) de la présence française et
raconte le parcours de deux amis d’enfance, du même âge, nés en 1930 (année du
centenaire du débarquement des Français à Sidi Ferruch). Puis vint l’âge adulte, au début
des années 1950, et la dernière partie, la plus douloureuse de cette tranche de vie
commune, qu’Alain Sanders a très bien résumée en quelques lignes (cf. Présent, n° 7347,
12 mai 2011) :
« De la Toussaint Rouge à l’Exode, ils affronteront ensemble les pires épreuves,
connaîtront la colère et l’espérance, l’amour et la haine, la bravoure et la trahison avec,
sur cette tranche d’histoire, des regards souvent différents. L’auteur s’est inspiré de sa
propre histoire. Les personnages évoqués existent ou ont existé, les plus célèbres étant
cités sous leurs noms véritables car les faits auxquels ils sont associés ont réellement eu
lieu.
Cette « saga » qui n’élude pas les vérités politiques, devrait contribuer à une
meilleure connaissance du petit monde des Pieds-Noirs (une appellation que l’auteur
réfute, lui préférant le terme roumi. »). [ Lectures Françaises, n° 650, juin 2011 ]