« L'important support médiatique qui a valu à Eric Zemmour le succès de ces derniers mois a suscité une réaction de Martin Peltier qui vient de réunir ce qu'il sait de lui dans un petit ouvrage "pamphlétaire", A poil Zemmour, par l'entremise duquel il estime qu'il est intéressant d'examiner les raisons du succès du Suicide français et d'en déterminer à la fois l'utilité et les limites. Un intéressant entretien à ce sujet a été publié par notre confrère Rivarol (Tour Ancône, 82 boulevard Masséna, 75013 Paris) qui aide à mieux comprendre l'engouement qui s'est manifesté depuis la parution du livre "iconoclaste". Il faut savoir que M. Peltier connaît Eric Zemmour depuis une trentaine d'années, puisqu'ils se sont retrouvés ensemble, à cette époque, à la rédaction du journal Le Quotidien de Paris. Nous y avons relevé les quelques passages reproduits ci-dessous : « "Zemmour est aujourd'hui un phénomène de société, il rencontre un succès public énorme en France, en reprenant des thèmes que Madiran, Brigneau et moi-même avons explorés et analysés voilà trente ans, dans l'indifférence et l'hostilité, avec pour seul soutien la fidélité de quelques lecteurs d'extrême droite (...) La "zemmourisation" des esprits répond à la même nécessité que la "lepenisation" des esprits (terme largement répandu dans les media au cours des années 90, ndlr). Le Pen et Zemmour se ressemblent d'ailleurs, parce qu'ils remplissent la même fonction et se heurtent aux mêmes ennemis. Et ils partagent aussi une même sensibilité et une doctrine semblable. La scène où je décris leur rencontre est à cet égard éclairante : ce sont tous les deux des enfants de Jules Ferry et de l'Algérie française, même si Jean-Marie a une autre épaisseur. Mais le point le plus important est ailleurs : Zemmour, comme Le Pen, est une réponse des Français au vide. La France est vide aujourd'hui. De destin, de foi, d'espoir, de liberté. De parole. Parce que les prétendues élites ne donnent jamais au peuple la représentation de la réalité. Pourquoi Le Pen en 1984 et Zemmour aujourd'hui recueillent-ils l'assentiment d'un grand nombre de Français de souche ? Parce qu'ils osent dire ce que chacun peut voir et que le système interdit de dire sous peine de mort civique. Cela dit, hélas, il n'y a pas plus de zemmourisation de la société qu'il n' y a eu lepénisation des esprits : ni l'un ni l'autre de ces grands provocateurs qui ont capté l'assentiment du peuple français n'ont réussi à l'enseigner, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas élargi la masse des déniaisés ni approfondi la réflexion des décillés". « Dans sa conclusion, Martin Peltier estime qu' "Eric est très sympathique. C'est un bon croque-mort pour la France qui s'en va. Côté réflexion c'est moins bien. On le prend, et il se prend parfois, pour un penseur contre-révolutionnaire. C'est un contresens. C'est un fils de la Troisième République, donc de la première, profondément étranger et hostile au catholicisme, ce qui explique en partie sa méfiance des femmes. On peut le prendre comme un allié dans une controverse avec un véritable ennemi du système. Il n'a pas fait le lien entre son amour de la France, qui est vrai, et la démolition nécessaire des ennemis de la France, dont il n'a repéré qu'une petite partie et dont il continue d'aduler certains". » Jérôme Seguin, dans Lecture et Tradition (nouvelle série) n° 48 (avril 2015)